Il y avait un petit malaise mardi matin à la première rencontre des députés de la région de la Capitale-Nationale du NPD et du Parti libéral du Québec.

Lors de la conférence de presse qui a duré près de 30 minutes, les cinq nouveaux députés du NPD n'ont pas compris ou n'ont pas voulu répéter la position de leur parti sur les chantiers Davie. «On doit réfléchir, on va vous revenir quand une décision sera prise», a affirmé la néo-démocrate Annick Papillon, députée de Québec.

Or, son chef Jack Layton avait clairement énoncé sa position lors de la dernière campagne électorale. À plusieurs reprises, il s'est opposé à ce qu'on accorde des délais supplémentaires aux chantiers Davie pour lui permettre de soumissionner sur le contrat du siècle - 35 milliards $ pour 30 ans pour la construction et la réfection de navires de la marine et de la garde côtière.

La Davie, une société de Lévis qui date du 19e siècle, éprouve encore une fois des difficultés financières. Elle est présentement sous la protection de ses créanciers. Or, le temps presse. Elle est une des cinq entreprises préqualifiées pour l'appel d'offres de 35 milliards $. Mais pour soumissionner, la Davie doit être solvable. La société italienne Fincantieri est sur le point de l'acheter.

La Davie a donc demandé qu'on reporte la date de dépôt des soumissions au 12 septembre. Au lieu d'un délai de deux mois, on lui a accordé un délai de deux semaines. Elle a donc jusqu'au 21 juillet.

Le gouvernement Charest demande plus de temps. C'est aussi ce que demandaient le Bloc québécois et le Parti libéral du Canada lors de la dernière campagne électorale.

Le NPD avait une position différente. «On ne peut pas changer les règlements à la mi-parcours», expliquait M. Layton en avril dernier lors d'une visite à Québec. Selon lui, un délai supplémentaire aurait été inéquitable envers les autres entreprises. Cela aurait aussi mécontenté les militants néo-démocrates de la Nouvelle-Écosse.

M. Layton a toutefois proposé que tous les soumissionnaires qualifiés puissent obtenir une part minimale des contrats, qui concernent plus de 20 navires. «La position de notre parti n'a pas changé», a confirmé mardi Marc-André Viau, attaché de presse du NPD. Comment expliquer les propos des députés de la région? «Peut être qu'ils étaient nerveux, qu'ils n'étaient pas certains de tous les détails du dossier», indique M. Viau.

La position du NPD est contraire à celle que défend le gouvernement Charest. En conférence de presse mardi matin, les nouveaux députés néo-démocrates de la région de Québec ont affirmé qu'ils n'avaient pas encore pris position. Ils n'ont pas indiqué si le NPD leur permettait de contredire leur chef sur cet enjeu.

À plus d'une reprise, le ministre responsable de la région de la Capitale-Nationale du gouvernement Charest, Sam Hamad, est venu à la rescousse des recrues du NPD. «On va leur donner une chance, ça fait deux mois qu'ils sont là. Ils veulent regarder leurs dossiers et déterminer leurs priorités. La réponse (de Mme Papillon est): on n'a pas pris de position.»

M. Hamad espère encore obtenir l'appui du NPD. Il a tenu à répéter que malgré sa rencontre avec le NPD, le gouvernement Harper demeurait son principal interlocuteur pour régler les dossiers de la région.

Le nouveau gouvernement Harper ne compte plus de ministre responsable de la région de Québec. C'est Josée Verner, défaite aux dernières élections, qui occupait ce poste dans le précédent cabinet.

Est-ce que cela complique le travail de M. Hamad? «C'est à eux de montrer qu'ils sont encore capables de bien faire le travail», a-t-il répondu. Il assure toutefois avoir déjà discuté une dizaine de fois avec les ministres conservateurs Steven Blaney, Denis Lebel ou Christian Paradis.

Outre les chantiers Davie, le ministre Hamad dit avoir deux autres dossiers prioritaires pour la Capitale-Nationale: le pont de Québec et les investissements en infrastructures.