L'association péquiste de Fabre, à Laval, demande à Pauline Marois de «procéder à des changements» dans son entourage pour éviter que la crise ne s'aggrave.

Dans une résolution adoptée à l'unanimité le 6 juin, les membres du bureau de direction affirment que la démission de Louise Beaudoin, Lisette Lapointe et Pierre Curzi les «incite à croire que certains changements dans l'environnement immédiat de la chef seraient opportuns». Ils invitent «respectueusement la chef à procéder à ces changements avec célérité, en vue d'éviter que la situation actuelle ne se dégrade encore plus».

«Tout en affirmant son appui à la chef du parti, le comité de direction de Fabre invite celle-ci à prendre acte de la situation actuelle et de ses conséquences néfastes, actuelles et futures», dit encore la résolution.

La semaine dernière, Lisette Lapointe, lorsqu'elle a annoncé qu'elle quittait le PQ, a accusé l'entourage de la chef de faire preuve d'une «autorité outrancière». En outre, comme l'a écrit La Presse hier, le président du Parti québécois de Montréal-Centre, Atïm Leon, réclame la tête de Nicole Stafford, directrice de cabinet de Mme Marois. L'association de Fabre ne nomme toutefois personne dans sa résolution.

Pas un désaveu

«On veut que Mme Marois réfléchisse à son image, a expliqué son président, François-Gycelain Rocque. Est-ce la chef de cabinet qui devrait se faire parler dans le coin? Est-ce que Pascal Monette (le directeur des communications) devrait se faire parler aussi? Je ne veux pas dire qu'il faut qu'elle les congédie, ce n'est pas de mon ressort. On dit qu'on aimerait qu'elle réfléchisse à ça.» Il ne connaît «personnellement» ni Mme Stafford ni M. Monette, mais il dit avoir des «échos» selon lesquels la chef de cabinet a «de la poigne». Il a souligné que la résolution de Fabre n'est pas une attaque contre la direction de Mme Marois, «une femme extraordinaire».

En entrevue à la radio de Radio-Canada, Pauline Marois a affirmé qu'elle privilégie «un changement d'attitude, pas nécessairement un changement de personnes». Faire le ménage dans son entourage, «ça ne changera pas les choses», a-t-elle dit.

Le président du PQ de Laval, Michel Leduc, n'était pas au courant de la résolution de Fabre lorsque La Presse l'a joint hier. «À mon avis, Fabre est isolé dans Laval, là-dessus. Je n'en connais pas d'autres» qui ont adopté une résolution semblable, a-t-il dit.

Michel Leduc chapeaute les associations de cinq circonscriptions. «Tout le monde est solidaire de Mme Marois. Ça ne retrousse nulle part», a lancé ce militant de longue date.

Il déplore la «guéguerre interne» autour de la «gouvernance souverainiste» proposée par Pauline Marois. «Certains trouvent que Mme Marois est trop lente, trop molle par rapport à la souveraineté. C'est sûr qu'on peut toujours être plus dur, plus radical. Mais elle a choisi la voie plus stratégique, plus prudente, peut-être plus lente.»

La stratégie de la chef «a passé comme une balle» au congrès d'avril, a-t-il souligné. «Elle laisse beaucoup de latitude à un éventuel gouvernement souverainiste. Il faut se rendre compte que perdre un troisième référendum, c'est mettre la clé sous la porte. Donc, il faut avancer avec une certaine prudence. C'est ce que demande Mme Marois: une certaine prudence.»