Elle travaillait dans l'ombre, mais elle a obtenu l'automne dernier une notoriété aussi large qu'instantanée. Chantal Landry, «madame Post-it» de la commission Bastarache, va quitter ses fonctions bientôt.

Militante libérale de longue date, Mme Landry, responsable des nominations au cabinet du premier ministre Jean Charest, quittera ses fonctions névralgiques dans les prochaines semaines. Dans les milieux libéraux, où la rumeur circule depuis un moment, on lui prédisait une nomination dans un organisme régional - sa résidence est toujours à Rimouski, sa ville d'origine.

Mme Landry s'était retrouvée dans l'embarras quand elle avait dû témoigner devant la commission Bastarache sur le processus de nomination des juges. Elle avait reconnu qu'elle apposait parfois des papillons («Post-it») sur les curriculum vitae des candidats à la magistrature pour signaler leur allégeance politique. Avec le collecteur de fonds du PLQ Charles Rondeau, elle avait aussi participé à de longues et fréquentes réunions pour choisir les nouveaux titulaires des postes disponibles, à l'arrivée des libéraux au pouvoir, en 2003.

Son rôle débordait largement la nomination des juges. Chantal Landry avait son mot à dire sur l'ensemble des nominations du gouvernement. Son départ survient au moment où le secrétaire général du gouvernement, Gérard Bibeau, se prépare à quitter ses fonctions stratégiques pour le poste, plus lucratif, de président de Loto-Québec.

Un autre stratège du PLQ, Olivier Marcil, qui avait joué un rôle important dans la campagne de 2008, quittera aussi son poste pour aller travailler aux relations publiques de l'Université McGill.

Plusieurs postes de dirigeant dans la haute fonction publique sont susceptibles d'être pourvus maintenant que la session parlementaire est terminée et que les nominations ne risquent plus de nourrir une période des questions quotidienne à l'Assemblée nationale.

C'est le cas de la Régie des rentes, à Québec, et de la Régie des installations olympiques, à Montréal.

Partie de bras de fer

Une petite partie de bras de fer se joue autour du poste de secrétaire du gouvernement, le patron de tous les fonctionnaires. Dans la haute fonction publique et dans les milieux libéraux, on privilégie la candidature du secrétaire au Trésor, Denys Jean, qui a été sous-ministre à de nombreux postes stratégiques. M. Jean connaît aussi les arcanes politiques - sous Robert Bourassa, il était au cabinet de Marc-Yvan Côté avec l'actuel chef de cabinet de Jean Charest, Luc Bastien.

En revanche, à Montréal, l'ancien chef de cabinet Dan Gagnier fait campagne auprès du secteur des affaires pour un autre candidat, Normand Bergeron, patron de l'Agence des infrastructures, l'ancienne agence des PPP.

M. Bergeron, ancien sous-ministre à l'Énergie, en contact avec les grands entrepreneurs et les sociétés d'experts-conseils, y trouve désormais de nombreux alliés.

Dan Gagnier, qui fait partie d'un comité d'experts formé par la gazière albertaine Talisman, quittera en juillet la firme de relations publiques HKDP, où il a atterri à son départ il y a deux ans, pour se retrouver dans la firme de François Pilote, ancien conseiller de M. Charest à Ottawa comme à Québec et responsable des relations gouvernementales des firmes dans le dossier du gaz de schiste.