Lors des dernières négociations, les centrales du secteur public et le gouvernement ont convenu de sous-évaluer d'environ 2% la cotisation nécessaire pour équilibrer le régime de retraite des fonctionnaires, un déficit de 340 millions en trois ans.

Le député péquiste François Rebello a soutenu hier que ce trou devra s'ajouter à la dette publique. Pour la présidente du Conseil du Trésor, Michelle Courchesne, «une entente a été obtenue, correctement négociée, dans l'intérêt des retraités et des syndiqués et bien sûr de l'intérêt aussi de la pérennité du régime de retraite».

«Je veux rassurer les retraités de la fonction publique: ils auront leurs rentes, il n'y aura pas de diminution», a-t-elle dit, rappelant que le régime serait désormais évalué aux trois ans plutôt qu'une fois tous les cinq ans.

Selon M. Rebello, la ministre refusait surtout de répéter le chiffre qu'elle a pourtant donné en commission parlementaire, début avril. Les cotisations à 8% plutôt que 10 signifient que le régime sera déficitaire de 340 millions, sur trois ans, une augmentation de salaire déguisée qui sera refilée à l'ensemble des contribuables.

«Les jeunes Québécois en ont assez du pelletage en avant. À la Régie des rentes, vous savez qu'on va payer plus que 10,5% pour toujours parce que, pendant des années, les cotisations étaient insuffisantes», a-t-il lancé. Selon lui, Québec a sciemment basé ses prévisions de rendement sur des hypothèses trop optimistes pour favoriser le règlement avec le secteur public, il y a un an.

Joint par La Presse, Gilles Giguère, président du comité de retraite du RREGOP, explique: «Jusqu'en 2008, les gens contribuaient à hauteur d'environ 7,1%. Depuis 2008, le taux a augmenté à 8,1%. Jamais personne n'avait payé autant. Une évaluation actuarielle avait dit qu'il faudrait peut-être augmenter de 2%», reconnaît-il.

Mais les actuaires de la CARRA, qui administre le régime, ont évalué «qu'à cause des bons rendements de 2009 et 2010, le taux de cotisation était suffisant». On a décidé d'une augmentation de 0,5% par année sur trois ans. «On augmente de 1,5% au total sur trois ans, personne au RREGOP n'a payé autant!», observe M. Giguère, anciennement de la FTQ.

Augmenter tout de suite les cotisations aurait eu comme conséquence de réduire le pouvoir d'achat des employés. «Les salariés de l'État ont eu 0,5% d'augmentation, on n'est pas obligé d'appauvrir le monde!», observe-t-il.

Il relève aussi que l'Association des retraités de la fonction publique avait accusé Québec de les priver de 340 millions avec ces calculs. «Dans ce groupe, il y en a qui sont partis en 1997 avec les départs anticipés... Cela avait coûté 2,8 milliards. C'est de l'argent aussi...», dit-il.