Tout cela pour ça, diront certains. Finalement, les députés ne voteront pas sur le projet de loi 204 avant la fin des travaux parlementaires, le 10 juin. «Nous prendrons le temps de faire le travail comme il faut. Nous reviendrons au mois de septembre pour le faire correctement», a annoncé Jean Charest.

Les péquistes se seront donc entredéchirés sur la tenue d'un vote spécial qui n'aura pas lieu.



Le maire Labeaume n'était pas content. «Nous sommes éminemment déçus par la tournure des événements. Manifestement, certains ont décidé de stopper l'élan de la ville de Québec. Cela dit, nous ne lançons pas la serviette. On va continuer notre travail acharné. Messieurs dames, on se revoit à l'automne», a-t-il réagi cet après-midi. Son point de presse expéditif a duré 21 secondes. Il n'a pas répondu aux questions.

Le projet de loi privé, parrainé par la péquiste Agnès Maltais, devait protéger le contrat de gré-à-gré entre Quebecor et la ville de Québec sur la gestion du nouveau Colisée. Des juristes du ministère des Affaires municipales croyaient que l'entente violait la Loi sur les cités et les villes. La loi 204 visait à statuer que ce n'était pas le cas. Cela devait servir à protéger l'entente des poursuites que voulait intenter l'ancien directeur général de la ville de Québec, Denis de Belleval.

Or, ce projet de loi a été présenté après la date limite de dépôt des projets de loi, à la mi-mai. Il fallait donc l'unanimité pour le déposer et aussi pour procéder au vote.

Amir Khadir a consenti au dépôt du projet de loi afin que les élus en débattent. Mais il a toujours refusé de permettre le vote.

Le gouvernement Charest a essayé de contourner ce problème en incluant le projet de loi 204 dans la loi omnibus - une enveloppe de différents amendements législatifs municipaux.

Or, il restait encore un problème. L'étude détaillée de la loi omnibus n'était pas encore terminée en commission parlementaire. Habituellement, elle se fait sans heurts. Mais comme le projet de loi 204 y figurait, M. Khadir a essayé de retarder l'étude des articles. Si bien que tout indique qu'on ne réussira pas à en finir l'étude avant l'échéance, aujourd'hui en fin de soirée.

«Depuis que la loi a été déposée, le moins que l'on puisse dire, c'est que les débats ont été très laborieux», a déploré le premier ministre Charest.

Deux choix s'offrent à lui: recourir au bâillon pour adopter le projet de loi. Ou attendre la reprise des travaux parlementaires, à la mi-septembre. «On n'a pas l'intention de faire un bâillon là-dessus, a annoncé M. Charest. Je pense que la population du Québec veut être rassurée sur la façon dont nous allons procéder.»

Serein face à «l'urgence»

M. Charest ne semble donc pas inquiété par «l'urgence invoquée par le maire de Québec, Régis Labeaume, et le PDG de Quebecor, Pierre Karl Péladeau.

Ces derniers doivent signer leur entente finale d'ici le 7 septembre. Or, sans loi spéciale, il n'y aura pas d'entente, a affirmé M. Labeaume la semaine dernière en commission parlementaire. Et ils ont refusé de retarder la date butoir.

M. Charest assure qu'il appuie encore le projet de l'amphithéâtre, dans lequel son gouvernement investit 200 millions $.

D'après nos sources, plusieurs membres du caucus libéral n'étaient pas convaincus de l'urgence d'adopter la loi 204, dénoncée par des juristes. Le député de Vanier, Patrick Huot, l'avait critiquée avec des termes très crus. Le leader parlementaire adjoint, Henri-François Gautrin, a admis que des discussions devaient être menées ce midi à la réunion du caucus libéral.

De son côté, Amir Khadir estime que «le bon sens a triomphé».