La démission surprise, ce matin, de trois députés poids lourds du Parti Québécois est «triste», mais elle n'ébranle pas Pauline Marois. Lors d'un point de presse organisé dans son bureau du centre-ville de Montréal en début d'après-midi, la leader du PQ a répondu aux coups portés par Lisette Lapointe, Pierre Curzi et Louise Beaudoin.

«Évidemment, ce qui s'est passé aujourd'hui est triste, mais les désaccords sont une chose normale parmi les députés, et ils ont fait leur choix», dit Pauline Marois. Loin d'un quelconque mea culpa, Pauline Marois a défendu, en une quinzaine de minutes, le projet de loi 204, et son leadership, passant aussi en mode offensif contre ses anciens députés.

Ainsi, la chef explique avoir tenté de joindre les élus péquistes opposés au projet de loi scellant l'entente entre la ville de Québec et Québécor sur le futur colisée de la capitale au cours du week-end. Samedi, un article dans Le Devoir évoquait de possibles démissions de députés opposés au projet de loi 204. Sans succès. «J'ai tenté de les joindre et ils ne m'ont jamais rappelée. C'est déjà quelque chose», explique-t-elle.

Ce matin encore, une heure avant le coup d'éclat des députés, Pauline Marois a proposé à Lisette Lapointe, Pierre Curzi et Louise Beaudoin un marché. «Je leur ai indiqué qu'il y aurait une ouverture avec le projet de loi et qu'ils pouvaient ne pas venir voter et que j'indiquerai qu'ils étaient contre le projet de loi», dit-elle. Cette absention négociée n'a pas suffi à convaincre les démissionnaires. Selon Mme Marois, ces départs cachent quelque chose. Quoi? La leader du PQ refuse toutefois de s'avancer. «Tirez vos conclusions», a-t-elle répondu, elliptique.

Accusée par ses anciens alliés de faire preuve d'autoritarisme, Pauline Marois a défendu le style de leadership qui est le sien, depuis son arrivée à la tête du PQ il y a 4 ans. «La description de mon leadership que j'entendais ce matin m'a carrément renversée, réplique-t-elle. Je suis plutôt du genre à discuter beaucoup, à échanger en profondeur, à débattre. mais à un moment donné je tire une ligne et je veux prendre mes décisions. Je suis bien avec ces talents et ces défauts.»

Forte d'un vote de confiance remporté haut la main lors du dernier congrés du PQ en avril dernier, Pauline Marois estime que son style a mené le PQ aux portes du pouvoir. «Nous formerons le prochain gouvernement, nous avons un plan d'action à proposer à la population québécoise», assure-t-elle. La démission de trois poids lourds du PQ ne fait avancer ni le Québec, ni la souveraineté, déplore-t-elle. «Les seuls qui y gagnent quelque chose, c'est le Parti libéral, c'est M. Charest, et les fédéralistes ».

Le caucus du PQ se réunira une fois encore demain matin pour discuter du projet de loi, mais le colisée de Québec ne devrait pas faire fuir d'autres députés, selon la chef du parti. Si ces démissions spectaculaires ont créé un choc au PQ, Pauline Marois promet que ses troupes sont encore en état de marche. « On va se retrousser les manches, et comme disait Félix Leclerc, on va se cracher dans les mains et on va se remettre à l'ouvrage, et on va aller chercher la confiance des Québécois », promet-elle.