Accélérer le remboursement de la dette, garder la mainmise sur l'exploitation des ressources naturelles, miser sur le développement des technologies; l'économie québécoise a besoin d'un «coup de barre», selon la Coalition pour l'avenir du Québec, qui a présenté mercredi son plan de match en économie.

Le document de réflexion de l'ex-ministre François Legault et son groupe n'apporte «rien de neuf», a réagi le ministre des Finances, Raymond Bachand.

Après avoir présenté sa vision en éducation et en santé, la Coalition pour l'avenir du Québec a rendu public mercredi son document de consultation en matière d'économie. Le regroupement propose une série de mesures divisées en trois axes: permettre aux Québécois de redevenir «propriétaires» de leur économie, «encourager la création de valeur» et «mettre fin à la spirale de l'endettement public».

«Actuellement, le Québec accuse un écart de richesses important avec les pays autour, présente l'un des endettements les plus élevés au monde et affiche un taux d'entrepreneuriat beaucoup plus bas qu'ailleurs, a lancé François Legault lors d'une conférence de presse. La situation actuelle est insoutenable à long terme.»

Remboursement de la dette

Le groupe de François Legault suggère d'accélérer le remboursement de la dette. Pour ce faire, le gouvernement devrait consacrer à ce poste budgétaire 100% des nouvelles redevances sur les ressources naturelles, et non 25% comme le propose le gouvernement actuel. La Coalition propose de rembourser la dette avant de réduire les impôts des particuliers.

«Notre dette, c'est un problème grave d'équité entre les générations», a dit l'ancien ministre, qui était accompagné de l'homme d'affaires Charles Sirois.

La Coalition pour l'avenir du Québec accuse les Libéraux de Jean Charest de ne pas en faire assez pour réduire la dette, qui engendre des intérêts annuels de 7,8 milliards. Le gouvernement actuel prévoit éliminer les déficits budgétaires à compter de 2013-2014.

«Propriétaire de notre économie»

Le Québec doit passer d'une économie de «succursales» à une économie de «propriétaires», selon la Coalition. En premier lieu, les Québécois doivent s'assurer de récolter la majeure partie des bénéfices de leurs ressources naturelles.

Pour ce faire, l'équipe de François Legault suggère de créer un «Fonds des ressources naturelles du Québec» de cinq milliards. La Caisse de dépôt et placement du Québec, qui en financerait une partie, pourrait ainsi prendre des participations minoritaires dans les projets d'exploitation.

La Caisse devrait également accroître «de façon significative» ses investissements au Québec, selon la Coalition. François Legault a souligné que, en date du 31 décembre, la Caisse investissait seulement 11% de son actif total de 183 milliards dans des entreprises privées québécoises.

La Coalition propose aussi de transformer des terres agricoles en valeurs mobilières. Les agriculteurs qui le désirent pourraient devenir locataires de leurs terres en les vendant à des mutuelles et des fiducies qui les inscriraient en bourse.

«Ça permettrait à l'épargnant québécois de participer à l'augmentation de la valeur productive des terres agricoles (...) et à l'agriculteur d'encaisser des sommes qu'il peut réinvestir dans son exploitation», a dit Charles Sirois.

Enfin, dans le but d'encourager la création de valeur, la Coalition propose en outre d'augmenter les crédits d'impôt aux entreprises qui investissent en technologie.

«Rien de neuf»

À peine dévoilé, le document de François Legault a été critiqué par le gouvernement Charest. «Je m'attendais à des idées neuves, et je n'en vois pas beaucoup là-dedans, a réagi Raymond Bachand. Je dirais même que M. Legault a moins d'ambition que nous.»

M. Bachand a exprimé des réserves sur la proposition de consacrer 100% des redevances au remboursement de la dette. «M. Legault va réduire les dépenses où? a-t-il demandé. Il faut savoir calculer aussi. Nous, on a choisi le dosage.»

- Avec la collaboration de Paul Journet