«L'aveu» d'André Drouin ne surprend guère Louise Beaudoin. «J'ai toujours pensé que c'était une provocation. C'était tellement évident», lance la critique du PQ en matière de laïcité et de condition féminine.

«Je comprends que, pour inscrire une question au débat public, il faut parfois un geste fort. Mais j'espère que ce code de vie ne traduisait pas aussi de l'islamophobie ou de la xénophobie», observe quant à lui Amir Khadir. Le député de Québec solidaire estime que le code de vie «n'a pas rendu service à l'image de Hérouxville ou du Québec».

Certes, la municipalité a contribué à médiatiser le débat sur les accommodements religieux. «Mais on en aurait parlé quand même, nuance Mme Beaudoin. C'est inévitable. Les sociétés occidentales se questionnent depuis plusieurs années sur le retour du religieux. On réfléchissait aussi déjà au Québec sur la laïcité, comme le démontre la déconfessionnalisation des commissions scolaires (dans les années 90).» Et le débat n'est pas terminé, note-t-elle.

Un symposium international sur l'interculturalisme, organisé notamment par Gérard Bouchard a lieu actuellement à Montréal.

Une recommandation éludée

M. Khadir se réjouit de ce que le débat «très civilisé» de la commission Bouchard-Taylor ait «dédramatisé les accommodements raisonnables» et «évité les tensions sociales vécues notamment en France». Mais comme Mme Beaudoin, il déplore que le gouvernement Charest refuse de produire un livre blanc sur la laïcité, une recommandation de la Commission.

La ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles, Kathleen Weil, explique ce refus par le fait que le gouvernement a déjà agi: il a renforcé l'égalité hommes-femmes dans la Charte québécoise des droits et libertés - un amendement adopté à l'unanimité en 2008 - et présenté le projet de loi 94 sur les accommodements raisonnables dans l'administration publique.

L'opposition dénonce ce projet de loi, qui élude selon elle le débat plus large sur la laïcité. Il ne porte que sur l'obligation de travailler à visage découvert - ce qui exclut seulement le niqab et la burqa -, et les mots «laïc» et «laïcité» n'y figurent pas. Après 30 heures d'étude détaillée, les parlementaires n'en sont encore qu'au premier paragraphe du premier article.