Le projet de loi du maire Régis Labeaume pour protéger son entente avec Quebecor sur la gestion du futur amphithéâtre sera déposé aujourd'hui grâce à l'appui unanime des députés. Mais avant même le début de la commission parlementaire, le député de Québec solidaire, Amir Khadir, a affirmé mercredi, plus clairement que jamais, qu'il bloquera le vote sur son adoption.



«Ce n'est pas logique. Si c'est vraiment très bon, personne ne va contester (l'entente devant les tribunaux). Alors, dans un cas comme dans l'autre, il n'y a pas besoin de loi spéciale. C'est pour ça que je vous dis sans aucune hésitation qu'avec nous, il n'y aura pas de loi spéciale, point à la ligne», a-t-il lancé.

Rappelons qu'il faut l'appui unanime des députés pour déposer le projet de loi, mais aussi pour procéder au vote sur son adoption avant l'ajournement des travaux le 10 juin.

Incohérences

Au cours de sa conférence de presse, Amir Khadir a fait preuve d'une certaine confusion en posant des conditions pour appuyer le dépôt du projet de loi aujourd'hui. Jeudi dernier, à la suite d'une rencontre avec le maire, il avait décidé de permettre que la loi soit déposée. Mais mercredi, il a menacé de retirer son appui si les autres partis ne se rendent pas à ses conditions. Il a exigé qu'une dizaine de personnes ou groupes «soient assurés de participer aux travaux de la commission parlementaire», comme la Ligue des droits et libertés, le Barreau du Québec, le Protecteur du citoyen et Québec solidaire (section Capitale nationale).

Or, toute personne ou tout groupe qui le souhaite peut se faire entendre en commission parlementaire et commenter le projet de loi. Ce ne sont pas les élus qui décident d'une liste d'intervenants.

Amir Khadir a affirmé que «toutes les personnes» qu'il a nommées «ont été contactées et désirent se faire entendre». C'est inexact. La protectrice du citoyen, Raymonde Saint-Germain, n'a pas manifesté son intention d'intervenir, a confirmé sa porte-parole, Joanne Trudel. Elle s'est contentée de répondre à Québec solidaire qu'elle a la compétence pour intervenir. Elle prendra connaissance du projet de loi et décidera si elle demandera à être entendue.

Amir Khadir a aussi exigé d'être «considéré comme membre de la commission parlementaire pour la durée des travaux sur le projet de loi privé». C'est dans le but d'avoir «un droit de parole», a-t-il dit pour justifier sa requête. Mais tout député peut prendre la parole pendant l'étude d'un projet de loi. Le temps de parole alloué à M. Khadir est toutefois limité parce qu'il a le statut de député indépendant.

Quoi qu'il en soit, un porte-parole de Québec solidaire a confirmé à La Presse en soirée que M. Khadir est satisfait de ses échanges avec les autres partis et qu'il appuiera le dépôt du projet de loi.

Régis Labeaume a reproché à Amir Khadir «d'entretenir le psychodrame» et de «pousser sa luck» en posant des conditions. «Il a une parole, ce gars-là, qu'il la respecte», a-t-il déploré avant de rencontrer le premier ministre Jean Charest au sujet d'une éventuelle candidature de Québec pour les Jeux olympiques.

Il a tourné en ridicule les demandes du député: «Il exige absolument que l'association des Sceptiques du Québec soit présente ainsi que des gauchers roux. C'est comme une espèce de tribunal d'inquisition. Moi, je ne comprends plus rien. Ce n'est pas une loi pour réinventer l'eau chaude qu'on veut faire voter!»

Il lui a également reproché de ne pas vouloir autoriser le vote sur l'adoption de la loi. «C'est-tu M. Khadir qui mène le Parlement de Québec? Il y a quelque chose qui ne marche pas. (...) Il faut que le 10 juin ce soit réglé, cette affaire-là.»

À la sortie d'une réunion des députés péquistes, Agnès Maltais, qui parraine le projet de loi, a condamné le comportement d'Amir Khadir. «Ce qu'il vient de faire, c'est tenter de monnayer son appui et de renier sa parole», a-t-elle lancé.

Elle l'accuse de ne pas avoir fait «un minimum» pour comprendre le fonctionnement des travaux parlementaires. «Dans la série «la fois où j'ai eu l'air le plus fou», M. Khadir vient de remporter la palme.»

La députée a entretenu le flou sur le contenu exact du projet de loi. «La loi n'empêche pas les poursuites. On bétonne l'entente contre d'éventuelles poursuites, mais la loi n'empêche pas les poursuites.»