Le Parti québécois s'est appuyé sur des avis juridiques contestés par les avocats du gouvernement pour juger que le maire de Québec, Régis Labeaume, a respecté les lois en attribuant sans appel d'offres au conglomérat Quebecor un contrat de gestion d'un futur amphithéâtre.

Le leader parlementaire péquiste Stéphane Bédard a reconnu mercredi que cette conclusion a été tirée en s'appuyant sur l'expertise des avocats du maire, sans qu'aucun avis juridique indépendant ne soit sollicité.

«Ce qu'on a, c'est une décision d'une ville qui est quand même notre capitale nationale, a-t-il dit. (...) Moi je n'ai eu accès à aucun avis juridique.»

En début de semaine, la députée péquiste Agnès Maltais, qui veut déposer un projet de loi empêchant toute poursuite judiciaire contre l'entente, avait confirmé qu'elle s'était seulement fiée aux avis des avocats de la Ville de Québec.

Lors d'une conférence de presse où elle a répondu à un appel à l'aide de M. Labeaume, lundi, Mme Maltais avait ainsi certifié de la conformité de l'entente, malgré les doutes émis quant à sa légalité.

«Ça fait 12 ans que je suis au Parlement de Québec, j'ai regardé tous les détails de cette entente ce matin (lundi), avait-elle dit. J'ai eu accès aux juristes, au directeur général de la Ville. Je suis très à l'aise, elle est conforme, mais il faut la rendre inattaquable.»

Pourtant, mardi, le ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard, a placé les péquistes dans une situation délicate en affirmant que des avocats de son ministère doutent de la légalité du processus qui a mené à l'entente, en raison notamment de l'absence d'appel d'offres.

Mercredi, lors d'une entrevue, Mme Maltais a maintenu qu'une loi spéciale est nécessaire et que l'entente est légale, même si les avis juridiques diffèrent.

«À moi, ça me semble tout à fait légal, mais il y a des avis juridiques qui divergent, a-t-elle dit. Là-dessus, huit avocats vont avoir huit opinions. Alors, il faut bétonner l'entente.»

À la demande de M. Labeaume, Mme Maltais a accepté lundi de porter d'urgence à l'Assemblée nationale un projet de loi privé qui viendrait certifier que le processus ayant mené au choix de Quebecor est conforme.

Craignant les poursuites qui pourraient mettre en péril le projet d'attirer une franchise de la Ligue nationale de hockey dans l'édifice, le maire a soutenu que l'octroi du contrat sans appel d'offres est légal et que l'offre de Quebecor était la meilleure. M. Labeaume a plaidé qu'il avait dû agir en «entrepreneur» en raison des dimensions réduites du marché de Québec.

Un ancien directeur général de la Ville de Québec, Denis De Belleval, a émis plusieurs doutes quant à la légalité de l'entente, soutenant notamment qu'elle aurait dû être précédée d'un appel d'offres. Critiquant les avantages financiers consentis à Quebecor, M. De Belleval a affirmé qu'il pourrait demander aux tribunaux d'annuler l'accord.

Le premier ministre Jean Charest a promis jusqu'à 200 millions de dollars pour la construction de l'amphithéâtre, un projet d'environ 400 millions de dollars dont le reste de la facture est assumé par Québec.

Alors que Mme Maltais avait affirmé au début de la semaine que M. Labeaume lui avait présenté les offres reçues pour la gestion de l'amphithéâtre, M. Bédard a précisé mercredi que celles-ci étaient au nombre de deux, incluant celle de Quebecor.

Pourtant, en annonçant en mars le choix de Quebecor, M. Labeaume avait affirmé que la Ville avait eu des discussions avec cinq autres entreprises.

Malgré tout, Mme Maltais a maintenu que l'offre de Quebecor, qui verserait entre 110 millions et 200 millions de dollars pour obtenir la gestion de l'amphithéâtre pendant 25 ans, est la meilleure.

«J'ai vu toutes les propositions et je garantis qu'on choisit la meilleure», a-t-elle dit.