Pauline Marois s'inquiète particulièrement d'une nomination au sein du nouveau gouvernement Harper: celle de Peter Penashue. Le seul élu conservateur de Terre-Neuve-et-Labrador a été nommé ministre des Affaires intergouvernementales. «Ça envoie un signal assez particulier», a lancé la chef du Parti québécois.

Elle rappelle que les deux principaux conflits du Québec avec le reste du pays concernent cette province: le gisement Old Harry, situé à cheval sur la frontière Québec/Terre-Neuve dans le golfe du Saint-Laurent. Terre-Neuve conteste cette frontière. «On sait qu'il faudra qu'il y ait arbitrage, ce avec quoi nous sommes en profond désaccord», a-t-elle rappelé.

L'autre dossier est celui de la centrale hydro-électrique du Bas-Churchill. Ottawa a promis une garantie de prêt de 4,2 milliards de dollars sur les 6,2 milliards que nécessite le projet de câbles sous-marins pour exporter l'électricité de la centrale. Hydro-Québec n'a jamais reçu de subvention du fédéral pour transporter son électricité. Cette garantie de prêt a été dénoncée unanimement par l'Assemblée nationale.

Même s'il s'oppose lui aussi à ce prêt, le ministre des Affaires intergouvernementales du Québec, Pierre Moreau, préfère donner une chance à son tout nouvel homologue, le premier Innu élu à Ottawa. «C'est prématuré et un peu réducteur», a-t-il réagi aux critiques déjà formulées par Mme Marois.

M. Moreau est satisfait que quatre des cinq députés conservateurs du Québec aient accédé au cabinet des ministres. Même si elle militait pour le Bloc québécois, Mme Marois craint malgré tout les conséquences de la faible représentation du Québec dans le nouveau gouvernement conservateur. «On sera très vigilant», assure-t-elle.

En même temps, elle affirme que dans le précédent gouvernement conservateur, les Québécois n'ont pas bien représenté leur province. «Ils n'étaient pas au rendez-vous lorsqu'il a été temps de défendre l'industrie forestière. On ne les a pas entendus beaucoup critiquer l'investissement dans le domaine de l'automobile», estime-t-elle.

La chef du PQ espère  que le nouveau ministre des Transports, Denis Lebel, règle le dossier du pont Champlain. À ce jour, les conservateurs n'ont pas voulu s'engager à remplacer ce pont, qui est le plus fréquenté au pays.  Elle qualifie toutefois de «vieille politique» la nomination au Sénat de Josée Verner et Larry Smith, deux semaines seulement après leur défaite. « (M. Harper) aurait pu avoir une petite gêne.»