Élus ou battus, bien des députés adéquistes estiment qu'une coalition avec le mouvement lancé par François Legault est un passage obligé pour espérer remporter les prochaines élections. Le fractionnement du vote des électeurs mécontents ferait l'affaire de Pauline Marois ou de Jean Charest, résume-t-on.

«J'ai le goût que tous les gens qui veulent du changement tirent dans le même sens», a soutenu Janvier Grondin, le député adéquiste de Beauce. «Je peux imaginer François Legault chef de mon parti. On est pas rendu là encore, on se donne un petit peu de temps, jusqu'à l'automne», pousuit-il.

En marge du conseil général sur les rapports avec les syndicats, les révélations de La Presse sur la coalition à venir entre l'ADQ et le clan de François Legault ont monopolisé les discussions samedi matin. Officiellement, la coalition n'existe pas, insite le président du parti et ancien député de Lévis, Christian Lévesque. «On n'est pas dans la coalition. On travaille sur la croissance de l'action démocratique», a-t-il dit. Contredit par plusieurs permanents de l'ADQ, il a soutenu qu'il n'y avait pas eu de discussions entre l'ADQ et Legault pour synchroniser la publication des prises de position des deux groupes.

Les entretiens privés, les coups de fils entre MM. Legault et Deltell, sont normaux, selon lui. «Ce sont des appels de respect», dit M. Lévesque. Il a toutefois évité de fermer la porte à ce que François Legault devienne chef d'une nouvelle formation intégrant l'ADQ. «On ne connaît pas le futur. En politique, tout est possible».

Les deux clans ont jusqu'à l'automne pour accorder leurs violons, estime M. Grondin. «Pour que M. Legault vienne avec nous, il faudra que ses idées ressemblent aux nôtres. Il y aura des compromis à faire, peut-être de notre bord aussi», a-t-il dit.

Pour François Bonnardel, député adéquiste de Shefford, la coalition reste «une hypothèse pour l'instant». «J'ai toujours dit que François Legault était l'adéquiste au Parti québécois, j'ai apprécié travailler avec lui comme critique aux finances» laisse-t-il tomber estimant lui aussi que les deux camps ont tout intérêt à se fusionner.

«C'est certain que si on va se battre contre Pauline Marois et Jean Charest aux prochaines élections il faut un centre droit qui soit uni là-dessus». L'échéance de l'automne est réaliste.

Gérard Deltell est prêt à devenir le chef d'une aile parlementaire du parti de François Legault selon les informations de La Presse. «C'est évident que M. Deltell est très humble», relève M. Bonnardel soulignant que sous Deltell l'ADQ était revenue de loin, pour atteindre 18% des intentions de vote dans un récent sondage Léger marketing.

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L'ADQ a toujours été en faveur de l'accroissement du rôle du privé en santé. François Legault y est opposé. Pour M. Bonnardel, de discussions seront nécessaires. «On ne renoncera pas à nos valeurs», a-t-il prévenu. «On verra, les choses évoluent», a-t-il soutenu.

La députée de Lotbinière, Sylvie Roy refuse de spéculer sur «des hypothèses» et de dire qu'elle ne pourrait pas être candidate dans une équipe dirigée par François Legault. «On passera sur le pont quand on sera à la rivière, s'il y en a pas on en construira un!», a-t-elle dit.

Comme ses collègues, elle croit cependant qu'un regroupement de l'ADQ et du clan Legault est névralgique pour affronter le PQ et le PLQ aux prochaines élections. «La division des voix, c'est moins fort qu'être uni. Le Parti conservateur n'était pas une force avant de se rallier», rappelle-t-elle.

Pour Linda Lapointe, députée adéquiste battue en 2008, si les troupes de l'ADQ et de Legault restent divisées, il y a un risque que le fractionnement permette la réélection des anciens partis. Elle ne veut pas dire si elle serait à l'aise avec François Legault comme chef -Mme Lapointe est une amie personnelle de M. Legault et de son épouse. «Je vais regarder les choses aller», se contente-t-elle de dire.

Le résultat des élections fédérales montre «que les gens veulent autre chose, il y a un momentum, c'est important que François Legault continue ce qu'il a commencé, les citoyens vont réfléchir et constater que le Québec n'est pas à la bonne place en matière économique», a-t-elle dit. La «gauche responsable» de François Legault ne la rebute pas: «Les Québécois vont toujours vouloir des programmes sociaux importants. On est une drôle de société au Québec, on n'est pas uniquement de gauche ou de droite», convient-elle.

Pour Richard Thibault, président de la commission des communications de l'ADQ, M. Legault «est à la tête d'un groupe de citoyen. L'ADQ est rendue ailleurs, c'est un parti politique», observe le conseiller de Gérard Deltell. «La coalition n'est pas à l'ordre du jour, au moment où on se parle», dit-il.