L'Action démocratique du Québec (ADQ) se campe encore plus à droite et prépare une attaque sans précédent contre les grandes centrales syndicales.

Le chef de l'ADQ, Gérard Deltell, a présenté vendredi les propositions qui seront débattues les 14 et 15 mai à Trois-Rivières à l'occasion du 21e Conseil général du parti.

Les mesures suggérées -privatisation, concurrence et mise au pas des syndicats- vont assurément heurter les défenseurs du «modèle québécois».

Qui plus est, elles sont aux antipodes des valeurs de gauche défendues par la cohorte de députés du NPD élus au Québec il y a moins d'une semaine.

Le chef Gérard Deltell n'y voit nullement un fossé entre l'ADQ et la population québécoise.

«La réalité, c'est qu'il y a des députés du NPD partout et des députés conservateurs ici également. Cela dit, nous estimons qu'il n'y a pas eu de vote de droite ou de gauche parce qu'il n'y a pas eu de débat entre la droite et la gauche pendant la campagne», a dit M. Deltell, en conférence de presse à Québec.

Pour mettre un terme à ce qu'ils appellent «la dérive syndicale», les adéquistes veulent restreindre le champ d'intervention des syndicats à la stricte négociation des conventions collectives et à la défense des salariés.

Les FTQ, CSN, CSQ et autres organisations syndicales doivent cesser d'utiliser l'argent des cotisations des travailleurs pour faire de l'action politique, a soutenu le chef de l'ADQ.

«Quand on voit la FTQ prendre position dans les débats politiques en campagne électorale en disant: «nous allons appuyer ce parti», je m'excuse, mais cela n'a rien à voir avec son mandat de défendre les travailleurs. Que les syndicats s'occupent de leurs choses», a-t-il fait valoir.

«Nous voulons retourner aux sources du mouvement syndical et redonner le pouvoir aux travailleurs à l'intérieur de leur syndicat», a poursuivi le chef de l'ADQ, accompagné entre autres par le président du parti, Christian Lévesque, et du président de la commission politique, Claude Garcia.

Sous une gouverne adéquiste, les campagnes syndicales à caractère politique ou idéologique ne seraient pas interdites, mais devraient être exclusivement financées par des contributions volontaires plutôt qu'avec les cotisations.

Aussi, dans le but de «protéger les droits des travailleurs», un gouvernement adéquiste exigerait un scrutin secret pour toute demande d'accréditation syndicale et faciliterait la «désyndicalisation» des salariés qui le désirent.

Quant à la «formule Rand», le mécanisme qui permet à un syndicat de prélever des cotisations auprès de tous les salariés d'une unité d'accréditation, elle serait maintenue, a assuré le vice-président de la commission, Adrien Pouliot.

«On garde la formule Rand, c'est une formule qui a du bon sens parce qu'elle permet aux syndicats d'avoir les moyens de négocier la convention collective. Mais on dit que l'employé devra donner son autorisation pour que ses cotisations servent à d'autres fins (que la négociation)», a-t-il expliqué.

À cette contrainte s'ajouterait l'obligation pour les organisations syndicales de divulguer publiquement une fois l'an leurs états financiers.

L'ADQ ne se limite pas à vouloir restreindre l'influence des syndicats. Elle souhaite réduire la taille de l'État, un thème récurrent dans ses propositions.

Un gouvernement dirigé par M. Deltell privatiserait donc graduellement un pan d'Hydro-Québec, la division TransÉnergie, pour garantir l'accès du réseau de distribution aux entreprises privées.

L'ADQ suggère également d'introduire la concurrence du secteur privé à la Société des alcools, chez Loto-Québec et dans le transport en commun.

La formule controversée des partenariats public-privé (PPP) a par ailleurs la cote auprès des adéquistes qui préconisent le recours aux PPP pour les grands projets d'infrastructure.

Aux grands maux, les grands remèdes, a insisté le chef de l'ADQ.

«Si on continue comme ça, on sait qu'on s'en va dans le mur. On est la cinquième nation la plus endettée au monde, je m'excuse, mais je suis trop fier pour accepter cela et c'est pour ça qu'on propose des mesures pour redresser le Québec», a-t-il dit.