Les délégués du Parti québécois ont tranché: s'il est élu, un gouvernement péquiste étendra l'application de la loi 101 aux cégeps.

La proposition, défendue par le député Pierre Curzi, a reçu un appui massif, quasi unanime, des délégués réunis dans un atelier sur l'identité. Comme elle ne fait pas l'objet de contestation sur le fond, elle sera adoptée à coup sûr demain en assemblée plénière. Le vote portera seulement sur la formulation de la proposition.

«C'est fait! C'est clair!», a lancé à Cyberpresse M. Curzi, les larmes aux yeux, quelques minutes après le vote. «Je suis émotif parce que c'est un combat qu'on mène depuis longtemps.» Fort de l'appui des militants, M. Curzi se dit en mesure de prouver aux Québébois que l'application de la loi 101 aux cégeps ne peut s'assimiler à du «radicalisme».

Lors du débat en atelier, le député de Borduas a martelé que «l'anglicisation est une menace», qu'il faut stopper cette «tendance». D'autres militants ont défendu le même point de vue, comme le député de Drummond, Yves-François Blanchet, et Raymond Archambault, ex-journaliste à la radio de Radio-Canada et candidat à la présidence du parti. Ces sorties ont été chaudement applaudies.

Trois militants ont manifesté leur opposition. Mathieu Bélanger, professeur au cégep, a plaidé que l'application de la loi 101 au réseau collégial est une mesure disproportionnée. «C'est un bazooka!», a-t-il tonné. Les statistiques sur la fréquentation des cégeps anglophones par les francophones et les allophones ne démontrent pas un «problème assez important pour justifier» la mesure.

Il ne faut pas retirer un droit, priver allophones et francophones de fréquenter les cégeps anglophones, a-t-il plaidé. Il suffirait selon lui d'instaurer une épreuve uniforme de français dans les cégeps anglophones, un test obligatoire pour obtenir le diplôme, pour en décourager plusieurs de les fréquenter -cette mesure a aussi été adoptée. «Avec ça, on obtient ce qu'on veut sans déranger grand monde et sans nous nuire pour les prochaines élections», deux impacts que risque d'avoir selon lui la promesse d'étendre la loi 101 aux cégeps.

Nicolas Bélanger, un militant de Shefford, est allé dans le même sens en disant que «couper des libertés, ce n'est pas un argument pour la souveraineté. Je suis contre l'idée de réduire les libertés des gens». Mais, clairement, l'avis de ces militants n'a pas pesé lourd dans la balance. La cause semblait entendue dès le début de l'atelier.

Au cours des derniers mois, lors des congrès régionaux, Sylvain Simard et Marie Malavoy s'étaient opposés à l'application de la loi 101 dans les cégeps. Ils ne se sont pas présentés à l'atelier.

Les délégués ont voté en faveur du recours, «au besoin», à la clause nonobstant afin d'étendre la loi 101 «à de nouveaux domaines», et d'adopter une nouvelle Charte «pour remédier aux dégâts causés par divers jugements de la Cour suprême du Canada».

Les délégués péquistes ont voté pour l'abolition de la loi 115 sur les écoles passerelles, adoptée sous le bâillon l'automne dernier par le gouvernement Charest.

Ils ont rejeté un amendement présenté par un membre du Réseau de résistance du Québécois qui préconisait l'unilinguisme dans les services publics. Le français doit être «la langue officielle de communication de l'État, de ses organismes parapublics ainsi que des municipalités avec les citoyens, à l'exclusion de toute autre langue sauf pour les ministères de l'Immigration et des Relations internationales». «Ça n'a pas de bon sens. Faut pas charrier», a pesté Pierre Curzi. Il faut respecter les droits reconnus de la communauté anglophone, a-t-il ajouté. Yves-François Blanchet a plaidé que la politique linguistique du PQ ne doit pas préconiser «l'exclusion».