Les députés ont rendu la vie facile à Jacques Chagnon pour sa première période des questions comme président de l'Assemblée nationale, hier. Les débats sont restés civilisés. Rien à voir avec le climat hargneux de la semaine dernière. «Continuez comme ça, c'est bien parti!» a lancé M. Chagnon après son baptême du feu.

Le ton a été donné dès l'ouverture de la séance. La ministre du Travail, Lise Thériault, a finalement présenté ses «plus sincères excuses» pour ses propos du 24 mars qui ont provoqué une crise parlementaire.

Rappelons que Mme Thériault avait menacé de nommer publiquement les députés de l'opposition qui sollicitent les ministres afin d'obtenir des subventions pour leurs commettants. Le président d'alors, Yvon Vallières, avait passé l'éponge. Furieux, le Parti québécois envisageait de lui retirer sa confiance. M. Vallières a préféré démissionner. Un nouveau président, Jacques Chagnon, a été élu mardi.

Dans sa courte déclaration, Lise Thériault a dit qu'elle a «un profond respect pour le rôle et les fonctions que doivent exercer les députés» et qu'elle n'a «jamais eu l'intention de brimer les droits des députés ni de les empêcher de faire leur travail, et encore moins de les blesser». «Je souhaite ardemment, par respect pour cette assemblée, mais surtout par respect pour la population que nous représentons, que mes collègues acceptent mes excuses et que nous puissions tous faire notre travail dans le respect, peu importe nos opinions», a-t-elle ajouté.

Au cours de la période des questions, l'opposition a évité les sujets litigieux qui ont souvent fait déraper les débats.

Une seule intervention

Le nouveau président Jacques Chagnon n'a eu à intervenir qu'une seule fois. C'était pour rappeler à l'ordre la députée péquiste Monique Richard qui, abordant la violence dans les écoles, a reproché au gouvernement de «se cacher». Cette expression est interdite en vertu du lexique des «propos non parlementaires», a rappelé M. Chagnon. Pour une rare fois, les leaders parlementaires du gouvernement et de l'opposition, Jean-Marc Fournier et Stéphane Bédard, ne se sont pas chamaillés.

Fait cocasse, Jacques Chagnon a commis quelques accrocs au protocole. Il a oublié le traditionnel «moment de recueillement» avant le début des travaux. Il s'est amendé rapidement, invitant les députés à se recueillir comme d'habitude. «Le métier va rentrer», a laissé tomber M. Chagnon.

Le nouveau président a appelé le député de Marquette par son nom, François Ouimet. Or la règle veut que l'on appelle un parlementaire par sa fonction - député ou ministre.

Yvon Vallières a mis les pieds au Salon bleu pour la première fois depuis sa démission, vendredi. Redevenu simple député, il hérite d'un fauteuil dans les banquettes arrière.