Fraîchement élu président de l'Assemblée nationale, Jacques Chagnon a lancé hier un appel au respect pour assainir le climat au Salon bleu.

«Si les gens estiment que nous avons un problème de comportement et que nous avons un problème de respect les uns vis-à-vis les autres, ce n'est pas le peuple qui se trompe, c'est nous. Nos comportements contaminent les fondements importants de notre société démocratique, et nous devons revenir aux bases mêmes de notre culture qui repose sur le respect des uns et des autres», a-t-il dit aux députés réunis au Salon bleu.

Il a annoncé la création d'un comité, formé entre autres des leaders parlementaires des partis, pour étudier des modifications au règlement de l'Assemblée nationale qui permettraient d'assainir le climat.

«Vous avez tous une grande responsabilité afin d'améliorer la reconnaissance publique des parlementaires. Êtes-vous prêts à assumer ce défi? Moi, je le suis!» a-t-il lancé.

Offres de collaboration

Tous les chefs de parti lui ont offert leur collaboration. Pauline Marois a souligné que l'opposition a des «attentes» à l'égard du nouveau président. Il doit, selon elle, protéger les droits et privilèges des élus. Or deux droits ont été bafoués «ces derniers temps», «ceux de recevoir une réponse aux questions qui sont posées et de pouvoir faire notre travail à l'abri de toute forme de menace ou d'intimidation», a-t-elle dit, une critique à peine voilée du travail de l'ex-président Yvon Vallières.

Rappelons que M. Vallières a démissionné vendredi au moment où le PQ envisageait lui retirer sa confiance à la suite d'une décision favorable à la ministre Lise Thériault. Elle avait menacé de nommer publiquement les députés de l'opposition qui sollicitent des subventions pour leurs commettants, ce qui avait soulevé l'ire du PQ.

Reproches

De son côté, le premier ministre Jean Charest a fait des reproches au PQ en faisant allusion aux derniers jours de la présidence d'Yvon Vallières. «Le respect de l'institution qu'est la présidence de l'Assemblée nationale commande que l'on respecte les décisions rendues, cela n'est pas une option de député», a-t-il affirmé.

Pour ramener la discipline en Chambre, le chef adéquiste Gérard Deltell a invité le nouveau président à utiliser au besoin les articles 42 et 43 du règlement qui permettent de rappeler à l'ordre et même d'expulser un député. «Il faut faire un examen de conscience. Il n'y a personne qui gagne à maintenir en Chambre un climat d'hostilité perpétuel», a-t-il ajouté.

Jacques Chagnon a été élu à l'issue d'un vote secret des députés. Yvon Vallières était absent.

Les deux adversaires de M. Chagnon, le péquiste François Gendron et l'indépendant Marc Picard, ont accusé le gouvernement d'avoir violé le règlement en imposant son choix. Rappelons que les libéraux avaient tenu une réunion extraordinaire la veille du vote pour se rallier derrière la candidature de M. Chagnon. Jean Charest avait annoncé la nouvelle devant les caméras.

Selon une réforme parlementaire adoptée en 2009, le premier ministre ne propose plus lui-même un candidat à la présidence. Les députés intéressés à la fonction soumettent eux-mêmes leur candidature, et un scrutin secret a lieu pour élire le président. «L'adoption d'un tel mode de scrutin favorise l'expression individuelle des députés sans égard à la ligne de parti», peut-on lire dans un document explicatif.

Selon François Gendron, le gouvernement a politisé le processus, ce qui «discrédite» l'élection de M. Chagnon. La «légitimité» de M. Chagnon est «moins forte que si elle avait été basée sur le règlement», a-t-il dit.