Le ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard, a dû corriger le tir, mercredi, après une «erreur d'attention» concernant la gestion du futur amphithéâtre de Québec, accordée directement au conglomérat Quebecor.

Répondant à une question en Chambre, M. Lessard a déclaré que le processus d'appel d'offres devait être respecté pour ce contrat.

La Ville de Québec a pourtant décidé d'octroyer directement la gestion de l'édifice à Quebecor, sans lancer d'appel public à d'autres soumissionnaires.

L'administration municipale a d'ailleurs invoqué une exception dans la Loi sur les cités et villes pour procéder de la sorte.

Cette décision a cependant incité M. Lessard à demander à ses fonctionnaires d'ouvrir un dossier, la semaine dernière, afin d'obtenir plus d'informations auprès de la Ville de Québec.

Au Salon bleu, le ministre a expliqué mercredi que le contrat de gestion conclu avec Quebecor, qui versera à la Ville entre 110 millions $ et 200 millions $ sur une période de 25 ans, devait être précédé d'un appel d'offres.

«Dans le cas de l'amphithéâtre, nécessairement il y a une démarche, il y a une procédure concernant et la construction, l'attribution des contrats de gestion, a-t-il dit. Le processus devra être respecté quant aux appels d'offres.»

L'attachée de presse de M. Lessard a cependant corrigé le tir par la suite, plaidant qu'il s'agissait d'une «erreur d'inattention» du ministre.

Selon Julie Boivin, M. Lessard ne s'est pas rendu compte qu'il avait parlé à la fois des contrats de construction et du contrat de gestion.

«Peut-être que le ministre l'a fait par mécanisme ou automatisme mais quand on parle du dossier de l'amphithéâtre, pour nous il y a toujours deux volets: la construction et la gestion, a-t-elle dit lors d'une entrevue. Peut-être que (M. Lessard), parce qu'on parle toujours de ces deux volets, il les a nommés tous les deux.»

Mme Boivin a rappelé que le dossier d'information demeure ouvert, au ministère, et que la conformité du processus d'octroi du contrat est encore à l'étude.

«À part les documents qui sont rendus publics, sur le dossier de l'amphithéâtre, de notre côté le dossier n'est pas complet, a-t-elle dit. Il est prématuré de faire des commentaires sur un éventuel appel d'offres qui aurait dû être tenu sur la gestion. Mon patron, c'est sa ligne.»

Le premier ministre Jean Charest a promis 200 millions $ pour la construction de l'édifice, dont les coûts sont estimés actuellement à 400 millions $. De cette somme, la Ville de Québec assumera 187 millions $.

En répondant au député indépendant Éric Caire, mercredi, M. Lessard a aussi affirmé qu'il faudra déterminer si l'amphithéâtre doit être considéré comme une infrastructure de l'agglomération de Québec, ce qui signifierait que des contributions de municipalités voisines servent à sa construction.

Cette réponse faisait écho aux craintes exprimées par le maire de L'Ancienne-Lorette, Émile Loranger, qui a réclamé des précisions à ce sujet.

M. Loranger a aussi déclaré que dans le cas où le futur amphithéâtre était une infrastructure de l'agglomération, il réclamerait des détails sur les autres entreprises approchées pour discuter du contrat de gestion, afin de déterminer si Québec a fait le meilleur choix.

Le Colisée de Québec, qui serait remplacé par l'amphithéâtre, fait actuellement partie des dépenses d'agglomération, tout comme les services de police notamment.

En annonçant l'octroi du contrat à Quebecor, au début du mois, le maire de Québec, Régis Labeaume, a déclaré que des discussions privées ont eu lieu avec Quebecor et cinq autres groupes, qui n'ont pas été identifiés.

Constatant que seul Quebecor s'est inscrit au registre des lobbyistes, le commissaire au lobbyisme, François Casgrain, a récemment ouvert une vérification, afin de déterminer si des titulaires de charge publique ont été exposés à des communications d'influence illégales.

Le début de la construction de l'amphithéâtre est prévue au printemps 2013.