Le ministre de la Justice, Jean-Marc Fournier, a défendu mercredi la neutralité de l'émissaire qu'il a choisi pour discuter avec les procureurs de la Couronne, qui boycottent l'unité anticorruption mise sur pied par le gouvernement.

M. Fournier a affirmé qu'il est difficile de trouver une personne plus objective que l'ancien secrétaire général du conseil exécutif, André Dicaire, qui a travaillé étroitement avec le premier ministre Jean Charest.

Lors d'un point de presse, le ministre de la Justice, qui a fait cette semaine un premier pas pour rétablir les ponts avec les syndiqués, a accusé les procureurs de verser dans le «marketing de conflit».

«Au-delà de la rhétorique de conflit, on a dit qu'on veut améliorer les relations de travail, a-t-il dit. On est vraiment là-dedans, on est sincères dans ce qu'on fait.»

Après avoir pris connaissance des plus récentes offres du gouvernement, qui a forcé le retour au travail de ses membres avec une loi spéciale il y a un mois, l'Association des procureurs aux poursuites criminelles et pénales (APPCP) a mis en doute la neutralité de M. Dicaire, issu du sérail du premier ministre.

Lors d'un point de presse mercredi, M. Fournier a souligné les compétences de M. Dicaire, insistant qu'il a pour mandat d'améliorer les conditions de travail des syndiqués.

«Des gens plus neutres qu'un ancien secrétaire général du gouvernement du Québec? Quelqu'un qui a la connaissance de la façon dont le système fonctionne?», s'est interrogé le ministre.

M. Fournier a invité les procureurs de la Couronne à faire confiance à M. Dicaire, qui a été choisi par M. Charest afin de diriger son ministère, le conseil exécutif, de 2003 à 2006.

«Personne ne doute de la compétence de M. Dicaire, a-t-il dit. Il s'en vient faire un travail pour essayer d'améliorer les conditions de travail. Est-ce qu'on la veut, oui ou non, l'amélioration des conditions? Je les laisse faire ce choix. Mais franchement, peut-on passer à une autre étape que juste le marketing de conflit?»

Le président de l'APPCP, Christian Leblanc, a affirmé mardi que cette tentative de rapprochement était «bidon» puisqu'il n'existe aucune «garantie d'indépendance» avec M. Dicaire.

Le bon fonctionnement de l'Unité permanente anticorruption (UPAC) dépend du recrutement de procureurs de la Couronne, qui pourront porter des accusations à la lumière des résultats des enquêteurs.

Afin de riposter à la loi spéciale, les procureurs ont cependant résolu de boycotter les affichages de postes reliés aux activités de l'UPAC, mise sur pied par le gouvernement afin d'éviter une enquête publique sur la construction.

Le directeur des poursuites criminelles et pénales, Louis Dionne, a déclaré cette semaine qu'il espère amorcer les embauches d'ici juin prochain.