Contrairement à Jean Charest, l'opposition ne pense pas que le Québec soit actuellement «parmi ce que l'humanité a de mieux à offrir».

Les trois partis de l'opposition regrettent que le premier ministre n'ait pratiquement pas parlé de lutte contre la corruption. En une heure de discours, M. Charest n'a consacré qu'une vingtaine de secondes à la nouvelle Unité permanente anticorruption, boycottée par presque tous les procureurs de la Couronne.

Les investissements de 50 milliards de dollars annoncés dans le Plan Nord rendent la lutte contre la corruption encore plus nécessaire, croit Amir Khadir. «À qui va profiter cet argent si on ne lutte pas contre la corruption?» se demande-t-il.

Mais l'unique député de Québec solidaire et le PQ ont quand même réussi à trouver quelques bons mots. Ils saluent le nouveau fonds spécial annoncé pour les projets internationaux des artistes et entreprises culturelles. Il n'est toutefois pas certain que ce fonds apparaîtra dès le prochain budget.

Sans s'opposer ouvertement au nouveau fonds, l'ADQ se demande comment Québec le financera. Son chef, Gérard Deltell, s'est seulement réjoui des idées que le gouvernement Charest lui a empruntées. Par exemple, le vouvoiement à l'école, les uniformes de sport et l'enseignement intensif de l'anglais durant la moitié de la sixième année du primaire. Mais il craint que M. Charest ne tarde à tenir cette promesse, comme ce fut le cas avec les bulletins chiffrés. «C'est bien beau, chiper les idées, mais encore faut-il les réaliser», a-t-il lancé.

Mise en garde

Le PQ est aussi favorable à l'enseignement intensif de l'anglais. Mme Marois avait proposé une mesure similaire lors de la dernière campagne électorale. «Mais actuellement, ce n'est pas possible», prévient-elle toutefois. L'ancienne ministre de l'Éducation explique que certains professeurs de sciences, d'histoire ou de mathématiques sont incapables de bien enseigner en anglais. Il faudrait ajouter des ressources, selon elle. Le PQ prévient aussi que cette mesure ne devrait pas être appliquée aux enfants qui ont des difficultés d'apprentissage. Cela risquerait de les retarder davantage dans d'autres matières.

M. Charest a également promis des «écrans blancs intelligents» et des ordinateurs portables aux enseignants. Cela n'enthousiasme pas l'opposition. «Je n'ai jamais entendu ça dans les demandes (...) des acteurs du milieu de l'éducation», a dit M. Khadir.

M. Khadir est toutefois le seul à applaudir la création de la Direction québécoise du cancer. Le PQ et l'ADQ déplorent qu'on ajoute une entité à l'organigramme du ministère de la Santé. Mme Marois a parlé de «structurite». «Est-ce que ce n'est pas plus nécessaire d'avoir des services concrets, des examens et du dépistage plus tôt pour certains cancers?» a-t-elle demandé. Selon l'ADQ, M.Charest a parlé «de dépenses, mais pas de revenus». Le premier ministre promet de verser une partie des redevances des ressources naturelles au Fonds des générations pour rembourser la dette. Mais cela ne suffit pas, selon le PQ et l'ADQ, qui s'inquiètent du poids de la dette.

L'opposition a aussi ironisé sur le Plan Nord, projet phare de M. Charest depuis deux ans, qui n'a pas encore été précisé. «On a l'impression que c'est en train de ressembler aux annonces du CHUM», a dit Mme Marois. L'opposition, qui a réagi à chaud mercredi, offrira une réponse plus structurée ce matin en Chambre.