Le projet de loi spécial forçant le retour au travail des 1500 procureurs de la couronne et juristes de l'État sera débattu dans un climat de tension entre le gouvernement et l'opposition officielle, lundi.

Les parlementaires sont réunis en séance exceptionnelle à l'Assemblée nationale en vue d'adopter une loi spéciale définissant la rémunération et les conditions de travail des procureurs et juristes.

L'opposition péquiste a accusé le gouvernement de miner la confiance du public envers la justice en imposant une loi spéciale aux procureurs de la Couronne, qui se plaignent d'un manque de moyens pour lutter contre le crime organisé.

«Au moment où nous avons le plus besoin de nos procureurs de la couronne, le gouvernement impose une loi spéciale, et ce, sans jamais avoir négocié de bonne foi,a déclaré en Chambre la chef péquiste Pauline Marois. Après la commission Bastarache, le refus de tenir une commission d'enquête publique, les conséquences sur nos institutions et la confiance du public sont dévastatrices.»

Le gouvernement a continué de plaider la bonne foi, malgré l'échec du processus de négociation, tandis que l'opposition péquiste, qui votera contre le projet de loi, l'a accusé de se mettre à dos les juristes et procureurs au moment où la société québécoise en a le plus besoin.

«Nous avons fait tous les efforts et on a posé des gestes, a dit le premier ministre Jean Charest. On a déposé une offre qui est sérieuse, qui est crédible et qui va dans le sens d'une bonification des conditions de travail des procureurs.»

La présidente du Conseil du trésor, Michelle Courchesne, a voulu montrer que le gouvernement donnait du lest et reconnaissait le manque de personnel, en annonçant l'ajout de ressources. Québec prévoit donc l'embauche de 80 procureurs, 40 recherchistes et 25 nouveaux juristes.

«C'est un élément qui faisait partie de notre offre sérieuse, il y avait là plusieurs aspects que nous souhaitions bonifier, a-t-elle dit. Et à cet égard nous reconnaissons l'importance du travail et nous voulons les soutenir.»

Les représentants des procureurs, qui demandaient un rattrapage salarial de 40 pour cent, étaient présents dans les gradins.

Jugeant ces demandes nettement exagérées, le gouvernement a conclu qu'il devait respecter sa capacité de payer et, devant l'impasse des négociations, a rédigé un projet de loi spéciale.