Le premier ministre Charest est intervenu indirectement pour convaincre Gilles Vigneault de prêter Mon pays aux Jeux olympiques de Vancouver.

Le patron du comité organisateur des Jeux, John Furlong, voulait que le poète lui permette d'utiliser sa chanson pour la cérémonie d'ouverture.

M. Vigneault craignait qu'on ne dénature Mon Pays en la chantant dans un événement organisé par le Canada.

En décembre 2009, M. Furlong a demandé au premier ministre Charest d'intercéder en sa faveur. «Je ne suis pas intervenu directement, parce que je ne connais pas personnellement (M. Vigneault), affirme M. Charest. D'autres personnes lui ont parlé pour lui demander s'il pouvait autoriser l'utilisation de sa chanson. Il a répondu: non. On a respecté son choix.»

M. Charest assure qu'il n'a pas exercé de pressions additionnelles sur M. Vigneault.

La chanson n'a finalement jamais été interprétée à la cérémonie d'ouverture. La faible présence du français à cette soirée inaugurale a soulevé une controverse. Le français est une des deux langues officielles des Jeux olympiques, relancés au 19e siècle par le Français Pierre de Coubertin.

Ces critiques ont fait «bouillir le sang» de M. Furlong. Il rejette toute forme de responsabilité pour la faible présence du français. Le coupable serait plutôt Gilles Vigneault, laisse-t-il même entendre dans ses mémoires qui viennent d'êtres publiées, Patriot Hearts.

«Une seule chanson ne peut assumer à elle seule la représentation légitime de toute une nation», a répliqué M. Vigneault en interview au Devoir.

Dans son livre, M. Furlong accuse aussi Graham Fraser, le commissaire aux langues officielles, de l'avoir critiqué sans proposer de solutions. Courroucé, M. Fraser a répliqué dans une lettre ouverte. Il y rappelle qu'avant les Jeux, il avait présenté au comité organisateur des études et une série de suggestions, en plus d'avoir mené une campagne de sensibilisation.

Motion du PQ

Le PQ a présenté une motion sans préavis ce matin pour que l'Assemblée nationale «dénonce toute tentative visant à rendre responsable Gilles Vigneault de la quasi absence du français lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux de la XXIe olympiade d'hiver tenus à Vancouver. Qu'elle salue l'un des plus grands poètes, auteurs, compositeurs et interprètes du Québec et sa volonté de ne pas avoir consenti à voir son oeuvre musicale travestie.» Les libéraux ont refusé d'en débattre.