Un homme d'affaires associé à un projet controversé de relance d'une mine d'amiante, dans les Cantons-de-l'Est, a agi à titre de collecteur de fonds pour le Parti libéral du Québec, a appris La Presse Canadienne.

Baljit Chadha, qui dirige la société Balcorp, a d'ailleurs pu compter sur la présence du premier ministre Jean Charest, qu'il connaît depuis plusieurs années, lors d'un cocktail de financement organisé en août 2009 à sa résidence de Westmount.

Cet événement, où les billets se détaillaient entre 250 $ et 500 $, a permis de recueillir un total de 19 000 $, a indiqué jeudi un porte-parole du PLQ, Michel Rochette.

Balcorp et un groupe d'investisseurs souhaitent obtenir du gouvernement un soutien financier de 58 millions $ pour relancer Mine Jeffrey, à Asbestos.

Ce projet a confronté le gouvernement à une levée de boucliers de la part d'organismes de santé publique et de médecins qui s'y opposent en raison des risques pour la santé liés aux exportations d'amiante dans des pays en développement.

M. Rochette a déclaré jeudi que la participation de M. Charest à des activités de financement était exceptionnelle, à plus forte raison lorsqu'elles sont organisées dans des résidences personnelles.

Sans pouvoir préciser s'il s'agit d'amis, le porte-parole a constaté que MM. Charest et Chadha sont à tout le moins des proches.

«J'assume qu'ils se connaissent bien parce que autrement, il ne serait pas allé à cet événement, a dit M. Rochette. (...) J'assume qu'ils se connaissent bien, l'événement étant chez M. Chadha, forcément je conçois et je comprends qu'ils se connaissent bien.»

Lors d'une mission économique en Inde l'an dernier, à laquelle M. Chadha a participé, M. Charest a été interpellé à plusieurs reprises par des travailleurs indiens l'enjoignant de faire cesser les exportations d'amiante dans leur pays en raison des risques pour la santé que pose ce produit cancérigène.

Se disant impuissant quant à l'application des normes du travail à l'étranger, M. Charest a répété inlassablement que l'utilisation sécuritaire de l'amiante était possible.

L'attaché de presse du premier ministre, Hugo D'Amours, n'a pas été en mesure de dire, jeudi, si le dossier de Mine Jeffrey a fait l'objet de discussions entre les deux hommes, qui se connaissent «depuis plusieurs années», sans se fréquenter «sur une base régulière».

«Le dossier est analysé par des fonctionnaires qui vont éventuellement faire une recommandation et il y aura une décision gouvernementale qui sera prise, a-t-il dit. La décision gouvernementale est prise sur une base d'affaires, en tenant compte des intérêts de la région, des questions de santé publique.»

M. D'Amours a affirmé que M. Charest respecte beaucoup l'homme d'affaires d'origine indienne mais que leurs liens n'ont aucune influence sur la conduite du dossier auprès du Ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation.

«Le fait qu'ils se connaissent n'entre pas dans les facteurs décisionnels, a-t-il dit. Il le connaît au même titre qu'il connaît plusieurs gens d'affaires.»

Un cadre de Balcorp prendra part au cours des prochains jours à une nouvelle mission économique du gouvernement en Inde, premier marché des exportations québécoises d'amiante.

Harshal Owalekar, directeur du développement des affaires de Balcorp, fera partie d'une délégation d'une quarantaine de personnes dirigée par le ministre du Développement économique, Clément Gignac.

Le ministère de M. Gignac, qui traite la demande de garantie de prêt de 58 millions $ demandée par Balcorp, a invité l'entreprise à participer à la mission, ce qui a valu au gouvernement des critiques du député de Québec solidaire, Amir Khadir, qui a dénoncé une apparence de conflit d'intérêts.

Balcorp et ses partenaires ont proposé à la fin de l'été 2010 de faire l'acquisition de Mine Jeffrey afin de transformer son exploitation, qui se déroulait jusqu'ici à ciel ouvert, en opération sous-terraine.

Selon l'entreprise, ce projet créerait 500 emplois et ferait passer la production de 15 000 tonnes à 180 000 tonnes, d'ici 2012.

M. Chadha, dont les contributions personnelles au PLQ totalisent 6070 $ depuis 2000, est aussi responsable d'activités de financement pour le chef du Parti libéral du Canada, Michael Ignatieff.