Dans le palmarès des gens qui ont le don de tirer leur révérence juste au bon moment, Monique Jérôme-Forget n'est sans doute pas loin de la tête. Bien que libérée de la discipline de parti, elle continue tout de même d'être solidaire du gouvernement Charest, en pleine tourmente.

L'ancienne ministre des Finances regrette de ne pas pouvoir donner un coup de main à ses anciens collègues. «Ce sont des gens que j'ai côtoyés pendant 10 ans et pour lesquels j'ai beaucoup d'affection», dit-elle.

Tous les politiciens, ceux de son parti comme ceux de l'opposition «sont dans la même galère et je n'en veux à personne, pas même à ceux avec qui j'ai eu des débats houleux. Quand j'ai croisé François Legault, par exemple, je lui ai fait la bise».

Pour le reste, sur tous les sujets abordés, elle croit que le gouvernement Charest va dans la bonne direction.

Oui, le gouvernement met du temps à accoucher du CHUM, oui, ça va plus rondement du côté de McGill, oui, ç'a été laborieux, mais l'important, dit-elle, c'est qu'avant «que la fameuse «pépine» arrive sur les lieux - vous savez, le premier signe de bonheur! -, c'est que l'on soit bien fixé sur le nombre de salles d'opération nécessaires, sur le nombre de pieds carrés», pour ne pas en changer en cours de route.

Quant au refus du gouvernement de mettre en place une commission d'enquête sur l'industrie de la construction, Monique Jérôme-Forget reprend le discours de Jean Charest. Mis à part le spectacle que cela donnerait aux médias, ça ne donnerait pas grand-chose, à son avis: «Il faut mettre en place des mécanismes permanents et non des commissions périodiques», dit-elle.

Pour démontrer que les commissions d'enquête ne sont pas toujours la solution, Mme Jérôme-Forget signale que c'est grâce à l'opération Carcajou que Maurice Boucher est en prison. Il n'a pas fallu d'enquête non plus, dit-elle, pour que la firme Simard-Beaudry, propriété de Tony Accurso, se retrouve sous la loupe de la Régie du bâtiment du Québec.

Elle ne croit pas par ailleurs que la corruption soit aussi répandue qu'on le croit ces temps-ci.

«Comme on a fait beaucoup de travaux d'infrastructures, il y a plus de cas», dit-elle, tout en admettant cependant qu'il est vrai que le milieu de la construction «est plus cow-boy» que d'autres secteurs.

Augmenter les droits de scolarité? Une bonne idée aussi. Peut-être serait-il souhaitable, même, de les hausser jusqu'à ce qu'ils atteignent ceux des universités du reste du Canada. «Reste à savoir en combien d'années il faut le faire. Mais il faut faire des gestes de courage.»