Le regroupement des services administratifs de l'État entraînera des économies «substantielles», disait le gouvernement Charest en 2005. Cinq ans plus tard, l'opération n'a pas donné les résultats escomptés, révèle un rapport indépendant.

Ce constat laisse croire que Québec aura fort à faire pour respecter sa promesse de réduire de 10% - 320 millions - ses dépenses d'administration afin de retrouver l'équilibre budgétaire en 2013-2014, car il mise surtout sur le regroupement de services.

Le gouvernement Charest a créé, en 2005, le Centre de services partagés du Québec (CSPQ), présenté comme l'un des piliers de sa réorganisation de l'État. Le CSPQ regroupe des services administratifs éparpillés jusque-là dans les ministères et les organismes, comme le traitement de la paie et l'achat de biens et de services. Le but: réduire les coûts de gestion.

Le gouvernement Charest promettait des économies «substantielles», sans toutefois les chiffrer. Le CSPQ «sera soumis à une reddition de comptes exigeante: l'agence devra atteindre des objectifs explicites d'économies attendues», écrivait Québec dans son plan de modernisation de l'État.

Or, aucun «objectif explicite» n'a été fixé lors de la création du CSPQ et l'agence ne s'en est pas donné elle-même. C'est une «lacune importante», signale la firme Raymond Chabot Grant Thornton dans un rapport déposé à l'Assemblée nationale en décembre et passé sous le radar médiatique. Notons que l'application de la loi sur le CSPQ doit faire l'objet d'un rapport indépendant tous les cinq ans.

«Les nouvelles économies réalisées par le CSPQ sont relativement faibles en comparaison du total des coûts en matière de gestion administrative, indique le rapport. Les économies générées à ce jour semblent inférieures à celles qui étaient souhaitées par le législateur au départ.»

Le CSPQ gère environ 20% du parc informatique de l'État. Ce regroupement a généré des économies de 20 millions l'an dernier, selon les données fournies par le CSPQ. «Les résultats atteints (...) sont peu importants en comparaison des sommes en cause», indique le rapport. Il note qu'en excluant les réseaux de l'éducation et de la santé, «l'État québécois gère annuellement plus d'un milliard de dollars de dépenses en technologies de l'information».

Le rapport ajoute que des ministères et des organismes sont «généralement insatisfaits» quant au coût des services fournis par le CSPQ dans le secteur informatique. «Ils jugent que les coûts sont élevés et que leur croissance est trop rapide en comparaison du marché». Ils déplorent la «lourdeur des processus», les dépassements de coûts, et «le fait que le CSPQ propose généralement des solutions basées sur des standards technologiques élevés, qui excèdent parfois (leurs) besoins réels».

Le regroupement d'achat de biens et services a entraîné des économies de 144 millions en 2009-2010. Pour les autres services administratifs, ministères et organismes ont recours au CSPQ sur une base volontaire. Dans plusieurs cas, ils sont peu nombreux à faire appel à lui, ce qui peut expliquer en partie que les économies attendues ne sont pas au rendez-vous, selon le rapport.

La firme comptable invite à la prudence quant aux chiffres cités. «Les économies identifiées par le CSPQ ne sont pas basées sur des méthodes de calcul définies et constantes. Plusieurs données sont incomplètes», déplore-t-elle. Même si les données sont imprécises, elle peut conclure que les économies réalisées sont plutôt faibles.