Le Parti québécois est déçu des nouvelles mesures annoncées par la ministre de la Famille, Yolande James, pour interdire l'enseignement religieux dans les centres de la petite enfance (CPE) et les garderies subventionnées. L'opposition officielle estime que la directive énoncée vendredi est insuffisante et «facile à contourner».

En vertu des nouvelles règles, qui entreront en vigueur le 1er juin prochain, les établissements ne pourront prévoir d'enseignement religieux dans le programme éducatif. Ceux qui ne se conformeront pas à la règle seront passibles de sanctions allant jusqu'à la perte de leur subvention.

La ministre James a cependant assuré qu'il n'était pas question de «sortir les sapins de Noël» des CPE. «Il y a une différence entre enseigner la religion et souligner les aspects culturels d'une fête ou d'une tradition», a-t-elle fait valoir lors d'un point de presse à Montréal.

La ministre a assuré qu'elle avait pris le temps de bien réfléchir à cette nouvelle directive puisque la religion est toujours un sujet sensible. Elle a assuré que le ministère sera là pour accompagner les services de garde dans la transformation de leur programme éducatif.

Selon le ministère de la Famille, cette directive touchera environ une centaine de services de garde subventionnés qui comptent un total de 2000 places.

Cette annonce ne satisfait pas l'opposition officielle, qui réclamait pourtant des changements semblables depuis huit mois.

La porte-parole en matière de famille, Carole Poirier, estime que la nouvelle directive ne va pas assez loin. Elle a ainsi souligné qu'il ne serait pas interdit de sélectionner les enfants en fonction de la religion de leurs parents.

Un bambin pourra ainsi être refusé par une garderie subventionnée située près de chez lui sous prétexte que ses parents ne pratiquent pas la bonne religion ou n'appartiennent pas au bon groupe ethnique.

Par ailleurs, le manque d'inspecteurs, déjà flagrant, constituera en outre un obstacle de taille à l'application de la nouvelle règle, selon la députée péquiste. Les renforts promis en avril dernier n'ont en effet pas encore été recrutés ni formés.

Pour sa part, l'Association des garderies privées (AGPQ) s'inquiète déjà de voir des inspecteurs dont elle a souvent décrié les décisions arbitraires se mêler d'un dossier «aussi sensible et délicat que celui de la religion». «Nous nous questionnons fortement sur la façon dont le dossier sera traité au quotidien», a confié le directeur général Jean-François Belleau.

L'AGPQ promet de rester vigilante et de dénoncer toutes les situations qui lui sembleront «abusives».