Deux mandats ou 10 ans au pouvoir. C'est la limite que le PQ voudrait imposer au règne d'un premier ministre au Québec. «On renouvelle peu, généralement, les orientations et les politiques quand ce sont toujours les mêmes qui sont dans les mêmes fonctions», justifie la chef péquiste Pauline Marois.



Si le PQ gagne les prochaines élections, il limiterait aussi à 12 ans ou trois mandats la durée au pouvoir des maires de municipalités de plus de 5000 habitants. Voilà deux des 16 propositions que la chef du PQ présentait mardi pour «redonner confiance aux Québécois dans leurs institutions démocratiques».

Les libéraux et adéquistes étaient peu impressionnés autant par le contenu que par le contexte de cette annonce, qui survient quelques jours après la fin de la session parlementaire. Le whip du gouvernement Charest, Pierre Moreau, dénonce ce «changement radical». C'est aux électeurs de choisir s'ils veulent réélire un chef dans sa circonscription et s'ils veulent porter son parti au pouvoir, soutient M. Moreau.

En plus d'être «antidémocratique», la suggestion du PQ affaiblirait le gouvernement. Il cite en exemple les États-Unis. Selon M. Moreau, à la fin de son deuxième et dernier mandat, un président américain perd son autorité et peine à faire adopter ses lois. Un argument qu'avance aussi Gérard Deltell.

«À leur septième et huitième année au pouvoir, ils deviennent des canards boiteux», juge le chef de l'ADQ. M. Deltell accuse aussi le PQ de créer deux classes de maires: ceux qui dirigent une ville de moins de 5000 habitants et qui peuvent se représenter aux élections tant qu'ils le veulent, et les autres.

Le leader parlementaire du PQ, Stéphane Bédard, croit que limiter le mandat du premier ministre ne nécessiterait pas d'amendement constitutionnel. Il dit avoir consulté quelques constitutionnalistes. Mais «il peut y avoir différents avis», concède-t-il.

Mme Marois se défend d'inventer une loi pour nuire à Jean Charest. Cette loi n'est pas rétroactive, et il faudrait que le PQ gagne les prochaines élections avant de l'adopter, explique-t-elle.

Quel problème veut-on alors régler en limitant le mandat d'un premier ministre? Elle répète qu'il faut renouveler les idées et rétablir la confiance des Québécois envers leurs institutions.

On doit remonter aux années 50 pour trouver un premier ministre du Québec qui a exercé le pouvoir pendant plus de 10 années consécutives (1944-1959). Il y avait eu une pause entre les deux mandats de Robert Bourassa (1970-1976 et 1985-1994).

Parmi ses autres propositions, le PQ répète encore une fois qu'il déclencherait une commission d'enquête publique et indépendante sur «les pratiques de collusion dans l'industrie de la construction, sur l'octroi de contrats publics, des permis et des subventions en lien avec le financement des partis politiques». Comme l'ADQ, le PQ propose que ce soit un procureur indépendant qui décide du mandat et du président de la commission.