Après une année qui «n'a pas été facile», le premier ministre Jean Charest envisage d'utiliser les grands moyens pour relancer l'action de son gouvernement, plus impopulaire que jamais selon les sondages.

Il pourrait donc prononcer un discours inaugural le 8 février. Ce scénario circule depuis quelques semaines dans les officines, mais M. Charest en parle maintenant ouvertement. «On va regarder ça dans la nouvelle année. On arrive à deux ans dans notre mandat. On regarde les scénarios, actuellement», a-t-il dit hier dans une conférence de presse au cours de laquelle il a dressé le bilan de la session parlementaire.

Un discours «d'ouverture», selon la terminologie officielle, lancerait une nouvelle session parlementaire et permettrait au premier ministre de fixer de nouvelles priorités pour la deuxième moitié de son mandat.

Jean Charest a reconnu que 2010 n'avait pas été facile. L'année a été marquée par des allégations de trafic d'influence dans la nomination des juges, de favoritisme dans l'attribution de places subventionnées aux garderies privées, de collusion dans l'industrie de la construction et de corruption dans le monde municipal. Le premier ministre a été critiqué de toutes parts pour son refus d'ouvrir une enquête publique sur l'industrie de la construction. Une pétition, signée par 244 661 personnes à ce jour, réclame sa démission.

Mais Jean Charest a minimisé les polémiques qui ont secoué l'Assemblée nationale et embarrassé son gouvernement. Ces débats sont à ses yeux déconnectés de la réalité du «vrai monde» et n'ont rien à voir avec les «vraies affaires». «Il y a la bulle de la période des questions, et il y a le vrai monde et les vraies affaires», a-t-il dit.

Dans l'ensemble, «le Québec se porte mieux», selon lui. «Je peux vous dire que le gouvernement a eu une année qui a fait beaucoup avancer le Québec. Je regarde devant moi et, en 2011, on a des choses fantastiques à faire», comme concrétiser le Plan Nord. «On ne ratera pas le rendez-vous de 2011», a-t-il ajouté.

Quant à cette session parlementaire mouvementée, «c'est de la politique», dit-il. «Je ne suis pas aigri du tout, au contraire. Je suis assez heureux de l'année que j'ai eue», a-t-il dit, avant d'ajouter: «Peut-être pas tout à fait heureux de toute l'année que j'ai eue.»

Jean Charest a affirmé que son gouvernement «agit avec détermination» pour faire le ménage dans l'industrie de la construction. Il a rappelé la création, il y a déjà près de 14 mois, de l'escouade Marteau. Aucune arrestation majeure n'a eu lieu jusqu'à maintenant. Québec annoncera bientôt la formation d'une «escouade permanente».

Jean Charest a souligné que la Loi 73 visant à «barrer la route aux entrepreneurs malhonnêtes» porte ses fruits puisque la Régie du bâtiment a révoqué quatre licences et en a suspendu huit, notamment.

Or, il y a confusion entre la Régie et le gouvernement quant au moment où une sanction sera imposée à Construction Louisbourg et à Simard-Beaudry construction, qui se sont reconnues coupables de fraude fiscale. La ministre du Travail, Lise Thériault, a maintenu hier qu'il faudra à la Régie entre 30 et 45 jours - peut-être 60 en raison des Fêtes - pour suspendre ou révoquer leur licence. «Il n'y a aucune raison pour que ça prenne du temps», a-t-elle soutenu. Or, un porte-parole de la Régie, Sylvain Lamothe, a indiqué que la décision sera rendue 30 à 45 jours «à partir de la fin de l'enquête», laquelle peut prendre des mois. «Ça prend le temps que ça prend», a-t-il laissé tomber.

Au cours de sa conférence de presse, Jean Charest a énuméré les projets de loi adoptés à l'Assemblée nationale, insistant sur le code d'éthique des députés et le resserrement des règles de financement des partis politiques. «C'est la première fois depuis 1977 qu'un gouvernement québécois se consacre autant à ce sujet (l'éthique)», a-t-il fait valoir.