L'affaire, il faut le reconnaître, a été rondement menée. Deux ans après la signature par Jean Charest et Nicolas Sarkozy de l'entente Québec-France sur la mobilité de la main-d'oeuvre, l'ensemble du processus d'évaluation et de négociation est largement bouclé.

D'ici peu, la presque totalité des métiers et professions concernés, environ 75, auront fait l'objet d'Arrangements de reconnaissance mutuelle (ARM), a-t-on assuré mardi à Paris.

Cette annonce devait être un des moments forts de la visite à Paris que le premier ministre Jean Charest a été contraint d'écourter pour affronter la motion de censure de l'Opposition à l'Assemblée nationale. Mardi, c'est donc sa ministre des Relations internationales, Monique Gagnon-Tremblay, qui s'est chargée de signer une nouvelle série d'ARM avec le ministre français de la Coopération, Henri de Raincourt.

Cette nouvelle cérémonie de signature portait sur dix accords. Désormais, les qualifications des boulangers et des mécaniciens québécois, notamment, seront reconnues en France, tout comme le seront au Québec celles des débosseleurs, des chimistes et autres techniciens dentaires. Six autres professions et huit «fonctions» réglementées (comme les psychologues ou les assureurs) se sont par ailleurs engagées à signer un ARM rapidement.

Jusqu'ici, 69 de ces accords ont été conclus. À la fin de l'année, précise-t-on, l'ensemble des professions, des fonctions et des métiers réglementés auront fait l'objet d'une évaluation, a indiqué la délégation québécoise. Les trois quarts (dont 75) auront fait l'objet d'un ARM, les autres n'ayant pas été retenus pour cause d'incompatibilité. En France, par exemple, on trouve des ophtalmologistes, pas des optométristes.

Pour en arriver là, la France et le Québec s'étaient donné un calendrier ambitieux, a rappelé le ministre de Raincourt. «Force est de constater que le pari a été tenu», a-t-il poursuivi.

«C'est un travail colossal qui a été fait depuis deux ans», a renchéri Mme Gagnon-Tremblay en entrevue, en notant toutefois qu'il y avait «encore des difficultés et des obstacles» et qu'il fallait «continuer à travailler».

La France, de son côté, pense déjà à l'étape suivante et évoque la possibilité d'élargir à l'ensemble de l'Europe ce «nouvel espace de mobilité professionnelle».

«Ce n'est là que le début puisque cet espace est susceptible à terme d'être élargi à l'ensemble de l'Union européenne et du Canada dans le cadre de la négociation du nouveau partenariat économique entre l'Europe et le Canada. Nous sommes des précurseurs», a lancé le ministre de Raincourt.