La 4e Avenue de La Pocatière est décorée de lumières de Noël et de pancartes électorales. Sur les poteaux, les candidats du Parti québécois et de l'Action démocratique sourient chacun aux côtés de leur chef. La candidate libérale, France Dionne, y apparaît seule.

Cache-t-on le premier ministre, qu'une majorité de Québécois désapprouvent? «Le premier ministre agit en chef d'État, et ce n'est pas facile dans un climat comme celui qui règne à l'Assemblée nationale», répond Mme Dionne, dans une petite salle fermée de son quartier général.

Mme Dionne se vante des fleurs de lys présentes sur ses affiches. Elle termine sa justification en jetant un coup d'oeil au mur derrière elle: «Je trouve que mes affiches sont très belles.»

Et d'après notre sondage, elles semblent être les plus populaires.

La corruption dans la construction est le sujet de l'année à Québec. Mais à Kamouraska-Témiscouata? Il semble que non. Depuis le début de la campagne, le candidat péquiste, André Simard, martèle les mots «intégrité» et «honnêteté». «Mais les gens n'en parlent peut-être pas en termes de commission d'enquête», reconnaît-il.

Selon lui, la population craint de perdre de l'argent à cause de la collusion et de la corruption. Et de perdre du même coup des projets locaux comme le voltage triphasique de Saint-Pierre-de-Lamy, le développement acéricole ou le projet de bibliothèque dans une église de Saint-Elzéar-de-Témiscouata.

«Les gens nous disent: «Il faut que le ménage se fasse. L'argent qui va ailleurs par centaines de millions, il faut qu'on l'ait pour payer les services de santé (...) et nos petits projets de développement»», résume M. Simard.

France Dionne assure le message du PLQ convainc ses électeurs. «Quand on leur dit que les bandits doivent être en prison et non à la télévision, les électeurs demandent: «La commission ne les met pas en prison?» Non, elle ne le fait pas. Ça les convainc.»

Sauver la circonscription

La principale préoccupation des citoyens, c'est la survie de leur circonscription, croit Mme Dionne.

La circonscription compte si peu de citoyens qu'elle contrevient à la loi électorale. Son regretté député, Claude Béchard, avait essayé de la sauver avec sa réforme de la carte électorale. Dans son projet de loi, Kamouraska-Témiscouata survivait, et la loi changeait pour que le nombre de circonscriptions dépasse 125 et augmente avec la croissance démographique.

Même s'il voulait sauver la circonscription, le PQ a voté contre. « (Le projet de M. Béchard) pouvait ajouter sept, huit, douze circonscriptions. Ça n'avait pas de bon sens», a dit hier Pauline Marois en point de presse à Saint-Alexandre-de-Kamouraska.

La réforme du Directeur général des élections a été suspendue cet automne. Chaque parti doit présenter son projet de réforme d'ici mars 2011.

Les autres enjeux de la campagne sont l'économie et le maintien des soins de santé et d'autres services de proximité. Dans Kamouraska, le tiers des emplois proviennent de l'industrie agroalimentaire. Dans Témiscouata, le tiers est lié à l'industrie forestière. Deux industries éprouvées dans les dernières années. «Les gens veulent du pain et du beurre», dit Mme Dionne. Elle vante les chantiers en cours, comme l'autoroute 85 (1,2 milliard) et le parc national du Témiscouata (30 millions).

M. Simard juge le bilan libéral peu reluisant. L'annonce récente de l'attribution du contrat du métro de Montréal à Bombardier arrive «quatre ans en retard», déplore-t-il.