Jean Charest est à la tête d'un gouvernement gangréné par la corruption, estime le député de Québec solidaire, Amir Khadir. Quant à Gilles Vaillancourt, c'est à ses yeux «un petit dictateur» dont l'administration est «corrompue».



Selon M. Khadir, le premier ministre refuse de prendre des mesures contre le maire de Laval parce qu'il craint d'être lui-même éclaboussé. «Si M. Charest juge malgré tout inopportun de le mettre sous tutelle, de le démettre de ses fonctions, de le suspendre à tout le moins, j'ai l'impression que c'est parce que M. Charest a peur de quelque chose. C'est la même famille libérale, c'est le même réseau de financement, ce sont les mêmes amis, les mêmes entreprises qui financent les partis», a-t-il dit au cours d'un point de presse cet avant-midi.

Questionné pour savoir si la corruption gangrène le gouvernement Charest, M. Khadir a répondu: «Est-ce que vous pensez le contraire? Moi je ne pense pas le contraire». Il a rappelé la démission du ministre Tony Tomassi - expulsé du caucus libéral - parce qu'il a utilisé la carte de crédit de la compagnie BCIA à l'époque où il était simple député. Il a souligné qu'en août, la firme de génie-conseil Axor a reconnu sa culpabilité à 40 constats d'infractions émis par le DGE. Les dons illégaux totalisaient 152 500$, dont 113 500$ au PLQ. «C'est un gouvernement entaché par des pratiques de corruption», a-t-il dit.

M. Khadir a précisé qu'il n'a pas de preuve démontrant que M. Charest est impliqué personnellement dans des pratiques de corruption. Mais son «silence», son refus de tenir une enquête publique, «est complice».

Amir Khadir espère que M. Charest ne lui enverra pas une mise en demeure. «Je pense qu'il en a assez fait de ce genre de poursuites. Je pense que c'est un peu lâche sur le plan politique», a-t-il affirmé.

Dans le cas de M. Vaillancourt, qui a mis en demeure Serge Ménard et Vincent Auclair, «j'espère qu'il fera l'erreur de nous poursuivre tous». Le député venait de dire en anglais que l'administration lavalloise est «corrompue». «Je vais vous le répéter. Je crois que le maire de Laval est un maire aux pratiques douteuses. Les allégations qui pèsent contre lui ne datent pas d'hier (...). Le maire Vaillancourt est ni plus ni moins une espèce de petit dictateur qui règne sur un potentat.»

«Je n'ai rien pour prouver devant un juge qu'il est corrompu. Mais allez vous promener à Laval, dans différents milieux, par exemple communautaire ou dans le milieu des affaires, c'est ce qu'ils vont vous dire : à Laval, pour réussir, il faut magouiller, et il faut magouiller du côté du maire.»

M. Khadir a condamné le silence de Serge Ménard qui a duré 17 ans. L'ancien ministre péquiste a dit que M. Vaillancourt lui a offert 10 000$ en argent comptant en 1993 alors qu'il était candidat péquiste - le maire nie. «Si (M. Vaillancourt) règne depuis longtemps, c'est à cause de l'omertà, de la médiocrité d'une certaine classe de politiciens qui ont accepté le silence à cause du regard médiocre et minable que les politiciens portent sur eux, sur leurs fonctions», a affirmé M. Khadir.

«Je m'excuse d'être aussi violent. Ma colère est d'autant plus grande que j'admirais M. Ménard. Je suis terriblement déçu de voir un homme de cette classe, de cette trempe, d'avoir choisi le silence alors qu'il était en position d'agir. Il a accepté qu'en politique ça puisse être comme ça.»