Après deux accidents meurtriers, le gouvernement Charest met à niveau les normes de sécurité dans le bâtiment et serre la vis aux gestionnaires d'immeubles privés et publics au Québec.

Le projet de loi 122, présenté mercredi à l'Assemblée nationale par la ministre du Travail Lise Thériault, forcera les propriétaires à se doter d'un programme d'entretien préventif et à embaucher des experts pour effectuer les inspections.

À cela s'ajoute l'obligation pour les propriétaires, sous peine de sanctions, de conserver tous les rapports d'inspection et d'évaluation pendant la durée de vie du bâtiment.

«Auparavant, les propriétaires avaient l'obligation d'entretenir leur bâtisse pour qu'elle soit sécuritaire pour les gens qui y demeurent et y travaillent. Aujourd'hui, on vient poser des balises, un cadre avec l'obligation de faire certaines inspections à certains moments», a expliqué la ministre Thériault en conférence de presse à Québec.

Avec l'adoption du projet de loi, la Régie du bâtiment du Québec mettra le règlement en vigueur dès l'an prochain pour les 107 000 bâtisses du parc immobilier du Québec ainsi que les bâtiments privés de trois étages et neuf logements et plus.

En resserrant les normes de sécurité, le gouvernement souhaite éviter que ne se reproduisent des tragédies comme celles survenues au cours des deux dernières années.

En novembre 2008, un employé d'une entreprise de livraison avait perdu la vie après l'affaissement d'un stationnement souterrain dans l'arrondissement Saint-Laurent à Montréal.

Puis, en juillet 2009, la chute d'une dalle de béton d'un immeuble de la rue Peel à Montréal avait infligé des blessures mortelles à une jeune femme de 33 ans attablée à un café au rez-de-chaussée. Son compagnon avait subi de graves blessures.

Le projet de loi vise à «diminuer les risques» et prévenir des drames de ce type, a dit Mme Thériault.

Il ne s'agit pas de punir les propriétaires attentionnés mais de remettre au pas ceux qui font preuve de laxisme, a précisé le président directeur-général de la Régie du bâtiment du Québec, Michel Beaudoin, présent aux côtés de la ministre.

«Il y a des gens qui ont pris les choses en main, comme la Sun Life avec ses programmes de qualité et ses vérifications annuelles mais il y en a d'autres. Ce qu'on vise, ce sont ceux qui ne se prennent pas en main» a dit M. Beaudoin.

En outre, le nouveau règlement tiendra compte de l'âge du bâtiment, le nombre d'étages, la présence ou non d'un stationnement souterrain et des normes en vigueur au moment de la construction.

«Vous comprendrez qu'une bâtisse qui a 10 ans n'a pas subi les mêmes intempéries qu'un bâtiment de 50 ans. Il faudra faire des cadres en fonction du type, de l'âge et du nombre d'étages de la bâtisse», a précisé Mme Thériault.

Le défi s'annonce de taille pour les inspecteurs et enquêteurs qui seront mis à contribution par la Régie du bâtiment. Ces derniers seront toutefois épaulés par les inspecteurs municipaux, les experts de la CSST et les pompiers.