Joseph Facal a légèrement pris ses distances du possible mouvement politique que prépare François Legault.

Dans un discours prononcé hier soir au Lion d'or, au cours d'une soirée organisée par l'Action nationale, l'ancien ministre péquiste a confirmé qu'il avait assisté à une rencontre chez M. Legault. Il juge louable l'implication de son ex-collègue péquiste, et n'exclut pas de se joindre à un mouvement. «Je n'ai pris aucune décision. Et je ne me sens ni pressé ni obligé d'en prendre une. Ma vie actuelle est très agréable et très prenante», a-t-il toutefois tenu à préciser.

François Legault souhaite réunir une coalition de souverainistes et de fédéralistes de centre-droit qui mettrait temporairement la question nationale de côté.

En point de presse, M. Facal a avoué que même si une telle coalition est intéressante, elle serait «extrêmement difficile» à former.

M. Facal parlait pour la première fois depuis que le mouvement en gestation de M. Legault a été rendu public. Dans son allocution, il n'a pas prononcé les noms Marois, Parizeau ou Legault, mais il a précisé sa pensée tout en prenant position sur les sujets qui divisent présentement la famille souverainiste.

La question nationale n'est pas devenue un «faux problème à côté des vrais problèmes», précise M. Facal. Elle reste fondamentale. Et la souveraineté du Québec reste «éminemment souhaitable». Souhaitable, mais non réalisable «à court terme». Et «l'obsession» de tenir rapidement un référendum doit être abandonnée.

Certes, note-t-il, l'option est à peu près aussi populaire qu'en 1994. Mais l'appui populaire «n'a pas la même solidité». Et la pédagogie souverainiste ne suffirait pas à renverser la situation.

«Je vois mal comment nous, les souverainistes, pourrions en peu de temps faire grimper l'appui du niveau actuel à un robuste et franc 52-53% qui ne varierait pas au gré des semaines selon les humeurs», lance-t-il.

Pour appuyer son analyse, il remarque la «relative indifférence» dans laquelle les Québécois ont réagi à l'adoption sous bâillon de la loi 115 sur les écoles passerelles. Une loi qu'il qualifie «d'ignominie».

Rompre avec l'obsession référendaire

Devant ce constat, il faut «rompre avec l'obsession référendaire». Car il serait irresponsable de tenir un référendum sans avoir d'excellentes chances de le gagner. «Une nouvelle défaite est interdite, interdite», martèle-t-il.

Même en perdant le référendum de 1995, les souverainistes avaient tout de même accompli un gain, celui de faire mieux qu'en 1980. Avec le résultat de 1995, une telle consolation est devenue logiquement impossible.

M. Facal s'est aussi prononcé sur le fameux article 1 du PQ, sur la démarche référendaire. Des députés péquistes et l'ex-chef Bernard Landry en ont critiqué le libellé actuel. Étant donné l'appui actuel à la souveraineté, il juge ce débat contre-productif. Et il semble craindre pour les conséquences que cela pourrait avoir sur Pauline Marois lors du prochain congrès du parti, au printemps 2011. «Se lancer maintenant dans une énième discussion sur le libellé, en couplant cela à un vote de confiance, ne donnera guère envie aux non-souverainistes de s'intéresser aux raisons fortes de la souveraineté». Il ajoute: «Ce film ne me rappelle pas de bons souvenirs.» Au dernier congrès du PQ, en 2003, le chef Bernard Landry avait démissionné après avoir récolté un peu plus de 76% au vote de confiance.

M. Facal a entamé son discours en s'excusant auprès d'Yves Michaud. En 2000, l'Assemblée nationale avait unanimement condamné M. Michaud pour des propos qu'il n'a pas tenus. «Elles viennent tard, trop tard, mais j'offre à M. Michaud (...) mes excuses les plus sincères.»