Pauline Marois est de plus en plus isolée au sein du Parti québécois, a estimé jeudi le premier ministre Jean Charest.

Le premier ministre a fait ses choux gras des commentaires élogieux de l'ancien chef péquiste Jacques Parizeau formulés la veille quant aux qualités de leadership de Gilles Duceppe pour servir la cause souverainiste.

Pour M. Charest, le nom de l'ex-premier ministre s'ajoute à une longue liste de personnalités péquistes qui abandonnent peu à peu Mme Marois à son sort.

«Tout cela va dans le sens de ce que j'entends et de ce que je vois au sujet de Mme Marois, qui semble de plus en plus isolée. Je constate les divisions profondes au PQ», a dit le premier ministre lors d'un point de presse à la Citadelle de Québec.

Les interventions et les prises de position récentes de M. Parizeau, son épouse Lisette Lapointe, Bernard Landry, François Legault et Joseph Facal témoignent non seulement de dissensions au sein du Parti québécois, mais aussi d'un durcissement du discours souverainiste, selon M. Charest.

«C'est un appel à une position plus radicale», a-t-il déclaré.

En matinée, à l'Assemblée nationale, les députés et ministres libéraux se précipitaient sur toutes les tribunes disponibles pour livrer leur analyse personnelle des propos flatteurs de M. Parizeau envers le chef du Bloc.

Selon la vice-première ministre et ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, la chef du Parti québécois assiste à une remise en question de son leadership.

«Le leadership de Mme Marois est ouvertement contesté. Au dernier conseil national, même Marc Laviolette est allé dire que Bernard Drainville et Pierre Curzi pourraient faire d'éventuels bons chefs. Sincèrement, ça va très, très mal pour elle», a souligné Mme Normandeau à l'entrée d'une réunion du caucus.

Son collègue leader parlementaire Jean-Marc Fournier en a rajouté. Le PQ, a-t-il lancé, retombe dans ses vieilles ornières.

«À ce moment-ci, on ne peut pas prédire ce qui va arriver au PQ, mais l'histoire de ce parti nous a démontré une propension aux déchirements internes alors que l'on devrait toujours travailler en équipe», a dit M. Fournier, trop heureux de détourner les projecteurs qui sont depuis un moment braqués sur les déboires éthiques du gouvernement.

De leur côté, Mme Marois et M. Duceppe ont tenu à rassurer Jacques Parizeau quant à la ferveur souverainiste de l'un et l'autre et de leur détermination à travailler côte à côte pour le même objectif.

«Il y a deux partis qui portent l'idée de la souveraineté, le Bloc et le PQ, a dit M. Duceppe, à Montréal. Il y a deux chefs à la tête de chacune de ces formations, Pauline Marois et moi. On travaille tous les deux avec un même objectif de faire du Québec un pays. On le fait en des lieux différents, sur des théâtres d'opération qui sont différents, nous à Ottawa et Pauline Marois à Québec.»

Que M. Parizeau encense l'un ne signifie pas qu'il critique l'autre, a poursuivi M. Duceppe.

«Moi, quand je lance des compliments à quelqu'un, je ne dénigre pas les autres pour autant», a-t-il illustré.

Quant à elle, Pauline Marois s'est contentée d'une brève déclaration, jeudi matin à l'Assemblée nationale, sans accepter de répondre à aucune question des journalistes.

«M. Parizeau n'a pas à s'inquiéter. Je travaille activement à réaliser la souveraineté. Gilles (Duceppe) fait un excellent travail de promotion et, surtout, lui et moi travaillons main dans la main à faire en sorte qu'on atteigne l'objectif. C'est celui de se donner un pays et de faire la souveraineté du Québec», a assuré la leader du PQ.