Même si elle a fustigé devant ses militants le mouvement que veut lancer François Legault, Pauline Marois a nié hier que ce projet en gestation représente une menace à son leadership.

La chef péquiste doit subir un vote de confiance au congrès des membres, en avril. «Je ne suis pas inquiète sur mon leadership», a-t-elle affirmé en conférence de presse.

Elle a refusé de préciser quel résultat la satisferait ou si elle s'est fixé un objectif. «Si je m'en étais fixé un, je ne vous le dirais pas», a-t-elle affirmé.

«En matière de vote de confiance, on a deux jurisprudences, deux cas d'espèce: à 76%, l'un est resté et l'autre est parti», a indiqué Mme Marois. En novembre 1996, le premier ministre Lucien Bouchard s'était senti humilié en obtenant 76,7%. En juin 2005, Bernard Landry, chef de l'opposition officielle, avait démissionné après avoir récolté 76,2%.

Pauline Marois a souligné que «ce n'est pas bien bien le lot des chefs de l'opposition que d'avoir des appuis considérables» dans les sondages. Mais selon les mêmes coups de sonde, «s'il y avait des élections demain matin, le Parti québécois formerait un gouvernement largement majoritaire. J'imagine que, quelque part, je dois en être responsable», a-t-elle dit.

Samedi, Pauline Marois a tiré à boulets rouges sur le mouvement de centre droit que veut lancer François Legault. Il y a deux semaines, elle banalisait pourtant les «jasettes» de son ancien collègue.

La sortie de samedi n'est pas selon elle la preuve que les manoeuvres de M. Legault inquiètent l'état-major du PQ. «Je sentais le besoin de m'en amuser un peu pour que les militants sachent qu'on n'était pas craintifs de cela», a-t-elle expliqué.

Quand un journaliste a associé le projet de M. Legault à un «problème de leadership», elle a répliqué: «Je trouve que vous concluez pas mal vite qu'il y a un problème de leadership. On va attendre. On ne le sait pas encore. C'est de l'ordre de la rumeur. On va attendre pour savoir ce qu'il y aura dans cette réflexion (de M. Legault), et on pourra continuer à commenter s'il y a lieu.»

Samedi, sans jamais prononcer le nom de son ancien collègue, la chef péquiste a critiqué son initiative, en particulier l'idée de laisser de côté la question nationale pour se concentrer sur d'autres enjeux.

«On a entendu, dans les derniers temps, une idée pour le moins intrigante, troublante. On dit que le Québec aurait peut-être besoin d'un nouveau parti. Un nouveau parti qui, selon certains, devrait mettre de côté la question nationale. Je pensais pourtant qu'il y avait déjà un parti qui faisait ça: le Parti libéral du Québec», a-t-elle lancé.

Elle a associé à une autre occasion le mouvement que veut lancer M. Legault aux libéraux. «Faudrait-il un nouveau parti pour faire payer les Québécois, faire payer la classe moyenne pour les erreurs libérales? Moi, je pensais que Raymond Bachand s'en était déjà pas mal occupé avec son budget», a-t-elle dit.

«Il faut être sérieux: mettre de côté la question nationale, ça veut dire qu'on refuse de défendre les intérêts et les valeurs du Québec, a ajouté Mme Marois. Évacuer la question nationale, ça signifie abdiquer.»

Hier, Pauline Marois a refusé d'en remettre, préférant attendre de voir les positions concrètes de M. Legault. «J'ai hâte de pouvoir l'attaquer si ça apparaît vraiment et si ça allait dans le sens qui a été dit jusqu'à maintenant», a-t-elle affirmé.

Dans son discours de clôture du conseil national, Pauline Marois a annoncé que son parti déposera cette semaine un projet de loi visant à imposer un moratoire sur l'exploration du gaz de schiste. Selon elle, jusqu'à 65% des bénéfices tirés de l'exploitation des hydrocarbures devraient revenir au Trésor public.