Pour aspirer à réaliser un jour l'indépendance, le Québec doit miser sur le gisement d'hydrocarbures d'Old Harry, dans le golfe Saint-Laurent, faire croître son industrie forestière et retirer des redevances satisfaisantes d'une exploitation «responsable» du gaz de schiste. Voilà l'essentiel du message que le PQ a livré à ses militants en fin de semaine à Saint-Hyacinthe.

Mais si la question des modalités du référendum semblait réglée pour les députés qui ont participé au conseil national, elle ne l'est visiblement pas pour l'ancien chef Bernard Landry, qui a jeté un pavé dans la mare à la veille du rassemblement péquiste en affirmant qu'il fallait d'abord faire l'indépendance, puis régler les problèmes.

À l'issue de son discours de clôture, la chef Pauline Marois a dû puiser dans sa «boîte à outils» pour répondre aux questions des journalistes qui l'ont interrogée sur l'absence de gestes concrets pouvant mener à un référendum dans l'Article 1 du projet de programme PQ, qui sera soumis au vote lors du Congrès, en avril.

«Le programme est très, très clair. Le programme, à son article 1, dit (que) l'objectif du Parti québécois, c'est de réaliser la souveraineté. Et nous tiendrons un référendum au moment jugé opportun. On a décidé qu'il n'y aurait pas de stratégie ouverte sur la place publique et je crois que c'était et que ça demeure le meilleur choix.»

«D'ailleurs, il a été adopté à l'unanimité», a-t-elle ajouté.

Son parti, a-t-elle plaidé, travaille concrètement sur une refonte de la loi 101, planche sur une charte de la laïcité et jette les bases d'une constitution québécoise qui, pour l'heure, est conçue pour le Québec en tant que province.

«La constitution est une constitution du Québec tel qu'il existe maintenant, mais justement, dans le sens de la préparation de la souveraineté. On indiquerait éventuellement (...) les articles qu'il faudrait ajouter pour que la constitution s'applique immédiatement où Québec deviendra souverain.»

Selon Mme Marois, tout cela «bénéficie d'un très large appui au sein des militants».

Mais cette idée ne fait plus l'unanimité. Pour un, le président de SPQ-Libre, Marc Laviolette, dont le club politique, a été exclu du Parti québécois en mars 2010 sous l'impulsion de Pauline Marois, est plutôt d'avis que le projet actuel empêche la «préparation du peuple à la souveraineté» et que le chapitre 1 du programme de 2005 devrait être repris dans celui qui sera soumis aux délégués péquistes à la mi-avril.

Cependant, les députés Agnès Maltais, Louise Beaudoin et Bernard Drainville, se sont tous rangés derrière leur leader sur cette question. M. Drainville a soutenu que l'idée de ne pas tenir un référendum à date fixe était la bonne puisque «cette stratégie a échoué dans le passé».

Celle de miser sur l'identité nationale et la liberté pour fouetter les troupes, elle, a toutefois été largement exploitée lors du conseil national, surtout samedi, alors que Bernard Drainville a soulevé la foule lors de son discours sur l'indépendance énergétique.

Pauline Marois a renchéri le lendemain lors de son discours de clôture en évoquant avec enthousiasme la possibilité d'exploiter «avec précaution» la structure d'hydrocarbures d'Old Harry, située au large des Îles de la Madeleine.

«Le pétrole qu'on produirait ici serait moins polluant que celui qui traverse la moitié de la planète sur un pétrolier ou encore que le pétrole des sables bitumineux de l'Alberta. Ça nous coûterait moins cher aussi. Mais, une autre fois, notre statut politique actuel nous limite», a-t-elle affirmé.

La chef péquiste a également annoncé que le PQ présenterait à l'Assemblée nationale un projet de loi visant à stopper provisoirement l'exploration et l'exploitation de gaz de schiste. Un projet de loi essentiellement symbolique, étant donné qu'il sera soumis à la majorité libérale qui a déjà refusé d'adopter un moratoire.

«Puisque nous constatons à quel point le gouvernement libéral s'est empêtré avec ce dossier, nous allons lui fournir une occasion de faire amende honorable et de donner un coup de barre.»

Québec solidaire critique

La porte-parole de Québec solidaire, Françoise David, a reproché au PQ un manque de vision dans le domaine énergétique.

«Autant en ce qui concerne le pétrole que le gaz de schiste, le PQ ne se demande pas si on en a vraiment besoin», a déclaré Mme David lors d'une entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne.

«Faut-il prendre le risque de provoquer une catastrophe (écologique) si près des Îles de la Madeleine? Il faut penser à l'industrie de la pêche et à celle du tourisme. J'ai bien hâte d'entendre ce que les Madelinots vont penser des intentions du PQ (d'exploiter le gisement Old Harry).»