On est encore loin du parti politique. Mais l'ex-ministre François Legault et une douzaine d'autres personnalités comptent publier cet automne un manifeste pour sortir le Québec de la polarisation entre fédéralistes et souverainistes.

Mais bien que ses principaux instigateurs, les ex-ministres péquistes François Legault et Joseph Facal, n'excluent pas un retour en politique, les autres signataires sont bien loin de songer à faire le saut. Le groupe voudra surtout se positionner comme une «coalition» de représentants de tous les horizons.

«J'ai rencontré un certain nombre de personnes, mais il n'y a rien de décidé sur la forme que cela pourrait prendre», a expliqué hier M. Legault, joint chez lui.

L'opération vise-t-elle la formation d'un nouveau parti politique? «On n'est pas rendu là... Pour l'instant, on veut contribuer au débat public» a dit, sibyllin, l'ancien ministre passé successivement à l'Industrie, à l'Education et à la Santé.

Outre les ex-péquistes Legault et Facal, on y retrouve par exemple quelques fédéralistes, comme Normand Legault l'ancien, patron du Grand Prix de Montréal. Plus sympatique au PLQ également, Mme Christiane Germain, des Hôtels Germain, était aussi à une réunion importante le 11 septembre dernier chez l'ancien ministre Legault. Surtout, Charles Sirois, l'homme d'affaires qui avait conseillé Jean Charest pour les candidatures libérales en 2003, est, indique-t-on, l'un des plus ardents participants à la «coalition».

Le musicien Grégory Charles n'était pas présent mais François Legault mise déjà sur son appui, a-t-on confié hier dans l'entourage de l'ancien ministre. Jean-Herman Guay, le politologue de Sherbrooke, était quant à lui présent chez M. Legault le 11 septembre, mais il veut garder ses distances.

«On ne veut pas seulement des gens qui ont déjà fait de la politique, on veut autant de fédéralistes que de souverainistes, et on veut déborder la question économique, à la différence des «lucides»», explique-t-on.

Le projet de manifeste portait comme titre temporaire «Force Québec», ce qui a entraîné passablement de confusion. Le groupe voudra davantage être étiqueté comme une «coalition» dont le nom reste à préciser. Devant l'échec du renouvellement du fédéralisme et l'improbabilité de la souveraineté, le temps presse de trouver un objectif «rassembleur» pour le Québec.

Ce premier texte, général, sera suivi de trois autres, sur la santé, la culture et l'économie indique-t-on.

La révélation de l'existence du groupe était un premier élément d'une stratégie bien planifiée. La publication des textes suivra et elle sera suivie de sondages pour évaluer l'ascendant de cette «coalition» dans la population.

Le positionnement du groupe est clair: «pas de projet souverainiste mais un programme très nationaliste, très vigilant pour la défense du français par exemple».

Lucien Bouchard, qui était la bougie d'allumage des «lucides» de 2005, suit attentivement la démarche de son ancien ministre et jouerait un rôle important, comme intermédiaire avec le secteur privé, pour le financement d'un éventuel parti, a-t-on appris.

En revanche, bien des noms qui ont été évoqués hier dans les médias ne seront pas au rendez-vous. Michael Fortier, l'ex-conservateur, le Dr Gaétan Barrette, ne sont pas partants. Philippe Couillard, l'ancien ministre de Jean Charest pense à un retour, mais dans quelques années, et surtout au PLQ.

Le groupe compte d'abord «interpeller les partis en place» pour «sortir le Québec des anciennes ornières».

Même si Pauline Marois a banalisé «les jasettes» des amis de M. Legault, l'annonce des manoeuvres de M. Legault a suscité un vrai mouvement de panique au PQ. François Rebello a donné des coups de fil inquiets à ses anciens compagnons d'armes -il était un supporter enflammé de M. Legault avant sa démission. Francine Lahaye, proche de Pauline Marois, a vérifié l'appui de l'ancien premier ministre Bouchard auprès de ses anciens apparatchiks.