Le gouvernement Charest ne décidera qu'au début de l'an prochain s'il construira le CHUM en partenariat avec le secteur privé (PPP).

Le Conseil du Trésor a confirmé à La Presse que Québec attendra le rapport du comité d'experts indépendants qu'il a créé avant de trancher. Ce comité, qui doit évaluer le bien-fondé du recours au PPP et «réviser le dossier d'affaires», présentera ses conclusions au gouvernement «au début de 2011».

Les deux consortiums en lice - Groupe Innisfree-AXOR-OHL-Dalkia et Accès Santé CHUM - doivent présenter leurs propositions financières et techniques cet automne. Rappelons que l'appel d'offres a été lancé il y a un an et demi, en mars 2009.

Selon le Conseil du Trésor, cette nouvelle étape dans le processus de décision ne bouleversera pas l'échéancier. Le début des travaux est toujours prévu au printemps 2011. Notons toutefois que les deux consortiums devaient déposer leurs propositions cet été et que le gouvernement devait choisir le soumissionnaire gagnant cet automne. Avec le report du dépôt des propositions et du choix du consortium, il existe tout de même un risque que les travaux débutent plus tard que prévu.

Vendredi dernier, le PDG d'Infrastructure Québec, Normand Bergeron, a souligné qu'une semaine de retard dans le projet coûte «au moins 800 000$» à l'État.

Rapport percutant du vérificateur

Le gouvernement Charest a décidé de former un comité d'experts indépendants à la suite du rapport percutant produit au mois de juin par le vérificateur général, Renaud Lachance. Québec s'est fondé selon lui sur des données et des hypothèses erronées pour choisir la formule du PPP. Les évaluations soumises au gouvernement «ne permettent toujours pas de conclure que ce mode est plus économique qu'une réalisation en mode traditionnel par le secteur public», avait-il affirmé en conférence de presse.

Le premier ministre Jean Charest avait réagi en se portant à la défense de la formule du PPP. Hier, à l'entrée d'une réunion des députés libéraux, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Yves Bolduc, a indiqué que le gouvernement privilégie toujours le PPP pour l'instant, mais qu'il pourrait bien réviser sa position. «À tout moment, il faut se permettre le droit de réévaluer. Mais pour le moment, on continue avec les mêmes orientations qu'auparavant, et on va attendre les rapports des experts», a-t-il expliqué.

«Il est important de s'assurer que les Québécois en ont le plus possible pour leur argent, mais surtout qu'on fasse le bon projet, avec l'organisation clinique et les installations nécessaires.»

Au mois d'août, Québec a annoncé que le PPP avait été écarté pour la modernisation du CHU Sainte-Justine au profit d'un mélange «clés en main et traditionnel».

Ticket modérateur

Comme son collègue des Finances, Yves Bolduc ne promet plus de consultation publique cet automne sur le ticket modérateur dans les soins médicaux. «On vous dira en temps et lieu ce qui sera fait. On va vous informer sur les décisions qui seront prises», a-t-il affirmé. Ce projet controversé a du plomb dans l'aile. M. Bolduc a été surpris à en parler au passé: «C'est un dossier qui était intéressant», a-t-il dit.

La «consultation préliminaire» qui a eu lieu au mois d'août auprès des principaux intervenants du secteur de la santé «nous a permis d'apprendre des choses. On a écouté», a-t-il dit. La très grande majorité des groupes rencontrés - comme l'Association des établissements de santé, le Collège des médecins, la Fédération des spécialistes et celle des omnipraticiens, l'Ordre des infirmières et la FIQ - se sont opposés au ticket «orienteur» ou à la «franchise santé», les deux expressions utilisées par Québec. Selon une source gouvernementale, on n'a pas encore tué le projet formellement, mais «il n'y a pas d'enthousiasme» à aller de l'avant.