La ministre des Ressources naturelles et des Affaires intergouvernementales canadiennes, Nathalie Normandeau, n'est «pas du tout» ébranlée par la nouvelle charge, particulièrement virulente, du premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Danny Williams, contre le gouvernement québécois.

Mercredi, devant des membres de la chambre de commerce de Saint-Jean (Terre-Neuve), M. Williams a accusé Québec de bloquer son projet hydroélectrique du Bas-Churchill afin de protéger sa «domination du marché».

«Je pensais, et peut-être nous le pensions tous, que c'était seulement le Bloc québécois, séparatiste, qui croyait en l'idée de faire avancer le Québec en minant le fonctionnement de la fédération. Ce n'est pas le cas», a-t-il affirmé.

Le premier ministre a promis une guerre de tous les instants contre le gouvernement Charest et sa société d'État, Hydro-Québec. «Nous ne ferons pas de prisonniers, croyez-moi!» a-t-il lancé.

«Je ne suis pas du tout émue par une telle déclaration», a réagi Nathalie Normandeau au cours d'un entretien téléphonique hier. «Ça ne nous dérange pas. On se dit: «bon, encore une autre sortie...» Et on hausse les épaules.»

Terre-Neuve veut développer la partie inférieure du fleuve Churchill et exporter les quelque 3000 MW d'énergie hydroélectrique produite vers l'Ontario, les Maritimes et les États-Unis. La province doit utiliser le réseau d'Hydro-Québec ou construire un câble sous-marin vers la Nouvelle-Écosse pour transporter cette électricité. Or Québec s'oppose aux deux options. La première, parce que le réseau de transport d'Hydro-Québec «est à sa pleine capacité» et une «mise à niveau» serait coûteuse. La deuxième, parce que Terre-Neuve a demandé une aide financière d'Ottawa pour la construction de la ligne sous-marine, ce qui créerait une «concurrence déloyale».

«Si le fédéral finançait, ça contribuerait à fournir une électricité sur les marchés d'exportation à un prix inférieur aux coûts de livraison, a expliqué Mme Normandeau. Le Québec n'est pas opposé à ce qu'une ligne sous-marine soit construite. Mais on veut que ça se fasse en fonction des règles du marché. Hydro-Québec finance ses lignes de transport depuis toujours.»

Danny Williams rejette cet argumentaire. Il reproche à Québec de toucher des milliards de dollars en paiements de péréquation tout en criant à l'injustice lorsque d'autres provinces demandent l'aide du fédéral.