Le décès de Claude Béchard a provoqué une onde de choc à Québec. Des députés libéraux ont appris la nouvelle alors qu'ils se trouvaient en commission parlementaire. Ils ont partagé leur peine avec les collègues de l'opposition. L'esprit de parti n'avait plus sa place.

«Si je suis allé en politique, c'est parce que j'avais un ami, Claude Béchard, un homme en qui j'avais une confiance totale. Je suis très, très triste», a affirmé le ministre délégué aux Mines, Serge Simard. Originaire de Saint-Roch-des-Aulnaies, dans la circonscription de M. Béchard, la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, a souligné que cet homme au rire contagieux était «très dévoué pour sa région» et toujours prêt à l'aider dans un dossier, même en convalescence.

Le leader parlementaire du PQ, Stéphane Bédard, a souligné la grande combativité de M. Béchard. «Il a su le démontrer à la fois en dedans et en dehors de l'arène politique. Il s'est battu jusqu'à la fin. Il envoie un message positif», a-t-il dit en entrevue téléphonique. «C'est un père de famille qui s'en va beaucoup trop jeune, a-t-il ajouté. Mais ses enfants peuvent être fiers de ce qu'il a fait. Il a eu un parcours incroyable.»

Pour Gérard Deltell, chef de l'ADQ, Claude Béchard, qu'il a connu surtout lorsqu'il était journaliste, était «le Wayne Gretzky du Parti libéral. On pouvait le mettre sur n'importe quel trio, et il était capable d'envoyer la rondelle à la bonne place. C'était une vraie bête politique. Il défendait ses idées fièrement et avec conviction». Le député de Québec solidaire, Amir Khadir, a souligné lui aussi le «talent politique brut» et le caractère «énergique» de M. Béchard.

Claude Béchard était atteint d'un cancer du pancréas depuis 2008. En juin de cette année-là, il s'était fait opérer pour une tumeur. Il avait ensuite subi des traitements de chimiothérapie. Combatif, il avait fait campagne six mois plus tard lors des élections générales alors qu'il suivait encore des traitements.

Une récidive du cancer l'avait forcé à céder de nouveau son poste de ministre en janvier dernier. À la surprise générale, il était revenu dans ses fonctions en juin, à la toute fin de la session parlementaire, même si ses traitements étaient toujours en cours. «Si on attend d'être complètement guéri, on ne reviendra peut-être jamais», expliquait M. Béchard, très amaigri.

Début août, au retour d'une réunion du Conseil de la fédération à Winnipeg, Jean Charest lui avait manifesté son désaccord quant à sa décision de revenir aux affaires. «Je pensais que c'était plus important de se refaire une santé. Mais avec cette conversation, j'ai compris à quel point c'était important pour lui d'être en poste, de vivre ces moments... La politique, c'était toute sa vie. C'était sa famille élargie», a souligné le premier ministre mardi. M. Charest lui a donc laissé ses fonctions de ministre lors du remaniement, le 11 août.

Dans un communiqué de presse publié en matinée mardi pour annoncer sa démission, Claude Béchard remerciait «du fond du coeur la population québécoise» pour «son appui au cours des dernières années» et «en particulier pour les marques d'affection et d'encouragement au cours des derniers mois». Le natif de Saint-Philippe-de-Néri saluait également les citoyens de sa circonscription, «des gens de coeur». M. Béchard avait été élu député de Kamouraska-Témiscouata lors d'une élection partielle en 1997. Il avait décroché quatre autres mandats par la suite.

Claude Béchard remerciait Jean Charest, son «ami», qui lui a «toujours fait confiance et avec qui ce fut un grand honneur et un réel plaisir de servir le peuple québécois».