Le débat sur l'uranium s'est transformé en guerre fratricide souverainiste mercredi lorsque le co-leader de Québec solidaire, Amir Khadir, a accusé de «trahison» l'ancien député bloquiste Yvan Loubier.

Devant la commission parlementaire sur le régime minier, M. Khadir s'en est pris sans ménagement à M. Loubier, qui agit aujourd'hui comme porte-parole de la société minière Uracan pour le compte du cabinet de relations publiques National.

À de nombreuses reprises, le député de Mercier a demandé à M. Loubier de révéler le montant d'argent qu'il recevait de la firme National pour contredire les détracteurs de l'uranium et vanter les vertus de l'extraction de ce métal radioactif pour l'économie du Québec.

«Il est important de savoir quel est le montant payé par la société Uracan à la firme National pour nous accuser de faire de la désinformation, pour accuser les médecins de Sept-Îles de mentir à la population», a lancé M. Khadir.

«Combien êtes-vous payé par la firme National et donc les entreprises minières?», a-t-il insisté.

Estomaqué, M. Loubier a refusé de dévoiler son cachet, et a répété qu'il avait pour mandat de présenter au public une information «juste, équitable et objective» sur l'exploitation éventuelle de l'uranium sur la Côte-Nord et dans le nord du Québec.

«Je sais que vous, ça ne vous intéresse pas les investissements», a-t-il signifié au député de la formation de gauche.

Mais M. Khadir n'en est pas resté là. Il a aussi mis en doute le sens moral de l'ancien élu souverainiste.

«Moi, comme souverainiste, comme indépendantiste, je ne me mettrai jamais au service d'une compagnie minière, parce qu'il est dans le code génétique et la culture de corporation de cette industrie de se comporter en colonialiste», a-t-il soulevé.

L'insistance de M. Khadir a fait bondir le président de la commission, le député péquiste Claude Pinard.

«Vous n'êtes pas devant un tribunal d'inquisition!», s'est-il objecté avant de faire la leçon au co-chef de Québec solidaire: «ça n'a pas de bon sens la manière que tu agis (sic)».

Alors que la tension montait, M. Pinard a brièvement suspendu les débats.

Plus tôt dans la journée, pendant une manifestation regroupant quelques dizaines de militants anti-uranium devant l'Assemblée nationale, M. Khadir avait dit trouver «triste» qu'un souverainiste comme M. Loubier se mette au service d'une industrie «qui ne laisse que des déchets» au Québec.

«C'est une trahison des valeurs (du Québec), c'est certain. Je regrette que M. Loubier soit forcé, pour gagner sa vie, d'être à la solde d'une multinationale minière dans un dossier aussi dangereux pour l'avenir du Québec», avait-il analysé.

De son côté, le ministre délégué aux Ressources naturelles, Serge Simard, a continué mercredi de critiquer les opposants à l'exploitation de l'uranium, au premier chef le porte-parole de la coalition Sept-Îles sans uranium, Marc Fafard.

«Quand M. Fafard parle, on dirait que le Québec en entier est derrière lui alors qu'en réalité, c'est une minorité d'individus qui sont derrière lui», a-t-il fait valoir.

Le ministre Simard refuse de décréter un moratoire sur la prospection de l'uranium, au grand dam des militants écologistes qui redoutent la contamination radioactive de larges pans du territoire québécois.