Le ministre délégué aux Transports, Norman MacMillan, a admis jeudi qu'il a donné des explications erronées concernant des dépenses injustifiées de 4000 $ remboursées par l'association libérale de sa circonscription, dans l'Outaouais.

Mercredi, confronté aux conclusions du DGE démontrant que l'exécutif libéral de son comté manquait de pièces pour justifier des remboursements, M. MacMillan avait révélé qu'il procédait de façon inusitée, concernant ses frais de fonction, en confiant leur gestion à son association de circonscription.

Tout en reconnaissant qu'il avait omis de soumettre les reçus requis, le ministre avait expliqué que le montant mensuel de son allocation de député, qui est de 800 $ actuellement, était déposé dans le compte bancaire de l'association libérale de Papineau.

Cette somme, qui selon M. MacMillan s'ajoute au salaire de tous les élus de l'Assemblée nationale, servait à couvrir des dépenses engagées dans le cadre de ses activités - comme des repas au restaurant - réglées par carte de crédit.

Selon les explications fournies mercredi par M. MacMillan, un employé de son bureau de circonscription était ainsi chargé d'acquitter la facture mensuelle de la carte de crédit à même le compte de l'association libérale, par lequel transitait son allocation de fonction.

Informations erronées

Or, jeudi, cette version a été contredite par le DGE, qui n'a constaté aucun dépôt correspondant à l'allocation de fonction de M. MacMillan dans le compte des libéraux de Papineau.

«Dans le cadre de nos vérifications, on n'a pas trouvé de trace de l'allocation de l'Assemblée nationale qui aurait été déposée dans le compte de l'instance, a déclaré une porte-parole du DGE, Cynthia Gagnon. Si ces allocations avaient été déposées dans le compte, on en aurait une trace du dépôt. Mais il n'y en a pas.»

Confrontée à ce rebondissement, l'attachée de presse du ministre, Émilie Rouleau, a admis que les informations données la veille étaient erronées.

Mme Rouleau a révélé l'existence d'un autre compte bancaire, n'appartenant pas à l'association libérale de Papineau, à partir duquel les dépenses de M. MacMillan sont réglées.

Même si elle a été incapable d'expliquer l'origine de cette méprise, l'attachée de presse a soutenu qu'il ne fallait pas conclure que la confusion règne dans les finances du député.

«Je ne dis pas qu'il y a une confusion dans la comptabilité générale de M. MacMillan, a-t-elle dit. Je dis qu'il y a eu confusion par rapport au versement de l'allocation de 800 $, quand on a dit hier qu'il était déposé dans le compte de l'association. Aujourd'hui, je dis qu'après vérification, c'est dans un compte distinct. Mais tous les deux sont gérés par le bureau de comté.»

Mme Rouleau a été incapable de dire au nom de qui est ce deuxième compte bancaire ni à quoi les remboursements de 4000 $ sans pièces justificatives ont servi, s'il ne s'agit plus de frais reliés aux fonctions de député de M. MacMillan.

«Ce ne sont pas des dépenses inconnues, a-t-elle dit. Ce sont des dépenses de l'association libérale. Ça peut être plusieurs choses: des frais de représentation, des repas avec des gens de l'association. Je ne le sais pas.»

En mars dernier, le DGE avait amorcé une vérification dans Papineau à la suite de déclarations de M. MacMillan laissant entendre que le Parti libéral du Québec pourrait recevoir des contributions d'entreprises, ce qui est illégal.

En vertu de la loi électorale, seuls les électeurs peuvent verser des dons aux partis politiques.

En effectuant leur travail dans la circonscription de M. MacMillan, les vérificateurs du DGE ont relevé au passage les 4000 $ de dépenses injustifiées, ce qui ne constitue toutefois pas une infraction à la loi électorale.

Ils ont aussi constaté que huit donateurs ayant fait leur contribution durant la période de 2008 à 2009 étaient domiciliés à l'adresse de leur entreprise ce qui, selon le DGE, n'est qu'une simple erreur administrative.

MacMillan a expliqué cette situation en affirmant que des représentants de sa campagne de financement avaient envoyé des lettres à des entreprises de sa circonscription.

Le premier ministre Jean Charest a affirmé jeudi que les libéraux ne sollicitent que les individus, même lorsqu'ils procèdent tel que décrit par M. MacMillan, en s'adressant à eux dans leur fonction.

«Quand ils font une sollicitation, ils sollicitent des individus», a-t-il dit lors d'un bref point de presse dans un couloir de l'Assemblée nationale.

Concernant les huit adresses d'entreprises figurant sur des reçus émis par l'assocaition libérale de Papineau, M. Charest a déclaré qu'il s'agissait d'erreurs techniques.

«Ce qu'il vaut la peine de souligner, c'est tout le battage médiatique qu'il y a eu là-dessus, a-t-il dit. Pour rien, finalement. C'est quoi la faute? Parce que les gens ont donné une adresse d'entreprise au lieu de donner une adresse personnelle? Franchement.»