Québec est prêt à conclure une entente globale dans les prochains jours avec le front commun syndical sans attendre un règlement avec les infirmières de la FIQ au sujet de leurs conditions de travail. Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, repousse l'échéance de la fin juin en vue de s'entendre avec ce groupe d'employés.

«On peut se laisser encore quelques semaines», a-t-il affirmé à la sortie d'une réunion du conseil des ministres mercredi.

«Ça arrive que, sur l'ensemble des groupes, il y a un groupe qui tarde un peu plus que les autres. Mais je vous dirais que je suis encouragé, que l'on va finir par s'entendre.»

Yves Bolduc a fait valoir que des ententes de principes sur les clauses normatives ont été conclus pour près de 90% des syndiqués représentés par le front commun, c'est-à-dire environ 400 000 des 475 000 employés de l'État. La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), qui représente 58 000 infirmières, est le seul syndicat majeur du front commun à ne pas avoir d'entente sur les conditions de travail.

Lundi, la présidente de la FIQ, Régine Laurent, disait avoir peu d'espoir de parvenir à une entente sectorielle avec la fin juin, l'échéance souhaitée par le gouvernement pour obtenir un accord avec tous ses employés. Québec et la FIQ reconnaissent que les négociations sont difficiles.

Régine Laurent n'est pas prête à accepter les termes des ententes de principe conclues avec d'autres syndicats représentant des infirmières. «Ce que je comprends, c'est que les gens ont accepté d'aller dans des comités de travail après la négociation des conventions collectives» pour discuter du temps supplémentaire et du recours au personnel d'agences privées. «Nous, on est opposés à cela. Ça fait 10 ans qu'on les connaît les problèmes, peut-on passer aux solutions. On en veut qui vont s'appliquer maintenant. C'est le choix qu'on a fait. Le risque que l'on prenait, c'est qu'on ne finisse pas en même temps que tout le monde. On était prêt à vivre avec ça.»

Régine Laurent ne voit aucun problème à ce que le front commun parvienne à un accord sur les salaires, à la table centrale, avant que son syndicat parvienne à une entente sectorielle avec le gouvernement. «Nous n'allons pas bloquer l'ensemble du front commun. Ce serait injuste. On a fait des choix, et on va vivre avec», disait-elle à La Presse lundi.

Le premier ministre Jean Charest a promis de présenter à ses employés une «offre finale et globale» d'ici la fin de semaine. Il a pris cet engagement mardi soir lors d'une rencontre au sommet à laquelle il avait convoqué les chefs syndicaux Claudette Carbonneau (CSN), Michel Arsenault (FTQ) et Réjean Parent (CSQ). La rencontre fut «très fructueuse», ont confirmé les chefs syndicaux et le gouvernement.

La présidente du Conseil du trésor, Monique Gagnon-Tremblay, a indiqué mercredi que l'offre pourrait être déposée vendredi. Questionnée pour savoir s'il est plus important d'obtenir une entente négociée ou de respecter intégralement le cadre financier que s'est fixé le gouvernement, elle a répondu : «Ce qui est important, c'est d'avoir une entente négociée. C'est ce qu'on veut. Mais en même temps, il faut le faire selon nos moyens». Elle n'a jamais dit que le cadre budgétaire fixé par le gouvernement était inflexible.

L'offre initiale du gouvernement Charest prévoit des augmentations salariales de 5% en cinq ans, ce qui équivaut à 1,6 milliards de dollars. Mais jusqu'à 2% - et non plus 1,5% - pourrait s'ajouter si la croissance économique est plus élevée que celle prévue par le gouvernement. L'offre passerait ainsi à 2,3 milliards. Les syndicats demandent une hausse salariale de 11,25% en trois ans - ce qui équivaut à trois milliards de dollars selon eux.

Il semble acquis que les parties s'entendront sur un contrat de travail de cinq ans comme le veut le gouvernement. Les conventions collectives sont échues depuis le 31 mars.