Le gouvernement Charest accuse l'opposition de «radoter» et pourrait recourir au bâillon aujourd'hui pour faire adopter le projet de loi 100, qui met en oeuvre des mesures contenues dans son budget.

Évoqué au début de la semaine, ce scénario était toujours dans les cartons du gouvernement en fin d'après-midi hier. Les libéraux ont en outre fait planer la menace de convoquer les députés pour une séance extraordinaire demain ou lundi, ce qui est moins probable. Selon le calendrier parlementaire, les travaux de l'Assemblée nationale doivent prendre fin aujourd'hui.

Si le gouvernement imposait le bâillon aujourd'hui, il pourrait éviter une motion de censure de l'opposition. Cette motion vise à blâmer le gouvernement pour son refus d'ouvrir une enquête publique sur l'industrie de la construction.

Las des débats avec l'opposition, le ministre des Finances, Raymond Bachand, a souligné que son projet de loi avait fait l'objet de discussions pendant plus de 50 heures à l'Assemblée nationale. «Malheureusement, ils n'ont pas encore inventé de pilule antiradotage», a-t-il lancé.

La remarque a fait bondir le leader parlementaire du Parti québécois, Stéphane Bédard. «S'il a d'autres choses à faire après le 11 juin, s'il préfère les salons de thé d'Outremont plutôt que le parlement, c'est son choix. S'il veut siéger après le 11 juin, on va être disponible avec grand plaisir», a-t-il affirmé.

Selon lui, «rien n'empêche le gouvernement» à l'heure actuelle de mettre en oeuvre son budget, «et il le fait déjà». Raymond Bachand croit plutôt que certaines mesures budgétaires contenues dans son projet de loi doivent être adoptées au préalable par l'Assemblée nationale.

En plus de la contribution santé de 50$ par année, le projet de loi 100 prévoit l'indexation des tarifs des services publics le 1er janvier et diverses compressions budgétaires. Par exemple, Québec demande aux sociétés d'État et aux organismes publics de réduire de 25% dès cette année leurs dépenses de publicité, de formation et de déplacement.

Le code d'éthique devra attendre

De toute évidence, la session se terminera sans qu'un code d'éthique des députés soit adopté. Le projet de loi 48 était toujours à l'étude en commission parlementaire hier.

Le premier ministre Jean Charest tenait pourtant à ce que ce projet de loi soit adopté avant le 11 juin. Il avait renoncé au salaire d'appoint que lui verse son parti pour répondre à l'une des conditions de l'opposition.

Le gouvernement doit également remettre à l'automne l'adoption du projet de loi qui vise à resserrer les règles sur le financement des partis politiques.

Par ailleurs, les libéraux reprochent à l'opposition de faire de l'obstruction de façon générale en commission parlementaire. Le PQ croit plutôt que les libéraux ont mal planifié l'étude de leurs projets de loi.