Les Québécois sauront bientôt s'ils paient trop cher pour la construction de leurs routes, a indiqué mardi le bureau de la ministre des Transports Julie Boulet.

L'attachée de presse de la ministre, Jolyane Pronovost, n'a cependant pas été en mesure de préciser quand ces résultats seront connus.

Mais une sous-ministre adjointe aux Transports, Anne-Marie Leclerc, a assuré que les conclusions d'une étude comparative avec l'Ontario et le Nouveau-Brunswick seront rendues publiques d'ici la fin du mois.

La semaine dernière, Mme Boulet avait pourtant déclaré que ces données seraient dévoilées avant la fin des travaux parlementaires, prévue ce vendredi.

En février, alors qu'elle annonçait cette initiative pour répondre à des préoccupations soulevées par le vérificateur général Renaud Lachance, la ministre avait affirmé que les résultats de l'étude comparative seraient connus ce printemps.

Mardi, Mme Leclerc a affirmé que 80% des travaux sont complétés et qu'elle sera en mesure de respecter l'échéancier qui lui avait été fixé en présentant ses conclusions avant juillet.

Selon la sous-ministre, la réalisation de l'étude a été accomplie sans délai même si la tâche s'est avérée plus complexe que prévu au départ.

«Les gars ne se sont pas traîné les pieds, a-t-elle dit. Il y a eu beaucoup d'aller-retour mais pas de retard comme tel. Ç'a demandé plus d'efforts que ce qu'on pensait. De tout le monde.»

Mme Leclerc a affirmé qu'une quizaine de personnes du Québec, du Nouveau-Brunswick et de l'Ontario étaient affectées à l'étude, qui doit permettre de comparer les coûts des infrastructures dans les trois provinces.

«On essaie de faire les choses correctement, sérieusement, pour que l'information soit fiable», a-t-elle dit.

Relancée la semaine dernière au sujet de l'avancement des travaux, Mme Boulet s'était montrée optimiste quant à la possibilité de présenter ses résultats cette semaine.

«On a dit d'ici la fin de la session», avait-elle laissé tomber.

En février, Mme Boulet avait affirmé que le ministère disposait déjà des chiffres du Nouveau-Brunswick et attendait ceux de l'Ontario, qui ont été transmis en mars.

Le porte-parole péquiste en matière de transports, Stéphane Bergeron, a émis l'hypothèse que Mme Boulet souhaite retarder la publication des résultats après la fin des travaux parlementaires pour éviter de donner des munitions à l'opposition, qui prétend que les infrastructures coûtent plus cher au Québec.

«Les chiffres ne sont peut-être pas aussi éloquents et ne disent peut-être pas ce qu'elle aurait voulu, a-t-il dit. Imaginez qu'elle les aurait sortis avant la fin de la présente session: c'est certain qu'on aurait poussé les hauts cris.»

M. Bergeron a affirmé que l'étude comparative sera probablement publiée après la fin des travaux parlementaires.

Réclamant une commission d'enquête sur le milieu de la construction, où les allégations de malversations et de collusion se sont multipliées, M. Bergeron s'est dit convaincu que les Québécois paient plus cher pour leurs routes que les citoyens des autres provinces.

«En prenant en considération toutes les nuances à apporter, on n'a pas réussi à me faire la démonstration qu'effectivement, ça ne coûte pas plus cher au Québec qu'ailleurs dans le reste du Canada pour des travaux analogues», a-t-il dit.

Avant d'être confrontée aux préoccupations du vérificateur général, qui s'était étonné que Québec ne dispose d'aucune étude comparative en matière d'infrastructures routières, Mme Boulet avait attribué les différences de coûts aux conditions climatiques particulières du Québec.

Ainsi, Mme Boulet avait expliqué que le gel et le dégel étaient plus fréquents au Québec et que l'épaisseur moyenne de l'asphalte, dans la province, était deux fois plus élevée qu'en Colombie-Britannique, ce qui entraînait une hausse des coûts.

Mardi, Mme Leclerc a mis en garde contre toute tentation de simplifier les résultats qui seront exposés prochainement.

«C'est pas simple et ce ne sera certainement pas simple de l'expliquer non plus, a-t-elle lancé. Je sais que ç'a l'air simple, vous allez tous me dire ça. Mais ce n'est pas si simple que ça.»

La sous-ministre adjointe a affirmé qu'elle effectuait son travail objectivement, peu importe si les conclusions démontrent que les Québécois paient plus cher pour leurs infrastructures.

«Ce qu'on essaie, c'est de travailler objectivement de façon structurée», a-t-elle dit.