Jean Charest a dû se porter lundi à la défense de son ministre Jacques Dupuis dont les relations avec l'homme d'affaires libéral Luigi Coretti suscitent une nouvelle controverse au sein du gouvernement.

Le premier ministre s'est dit parfaitement satisfait des explications fournies par le ministre de la Sécurité publique selon lesquelles il n'est jamais intervenu pour aider le patron de l'agence de sécurité BCIA à obtenir un permis de port d'arme à feu.

«M. Dupuis a donné des réponses très claires. Il n'y a eu aucune intervention de sa part, ni de son bureau dans le dossier de M. Coretti. Ça ne peut pas être plus clair que ça», a dit M. Charest, de passage à Trois-Rivières pour l'annonce d'un investissement régional dans le domaine de la santé.

La semaine dernière, M. Dupuis a reconnu avoir reçu M. Coretti à son bureau de circonscription, au printemps 2008.

Ce dernier, à titre de dirigeant de la filiale Centurion spécialisée dans le transport des valeurs, sollicitait une aide pour l'obtention d'un permis de port d'arme.

M. Dupuis affirme qu'il a alors signifié d'emblée à son interlocuteur qu'il ne pouvait d'aucune façon s'immiscer dans ce dossier. Néanmoins, il lui a permis de rencontrer son directeur de cabinet, Jocelyn Turcotte, un ancien de la Sûreté du Québec.

Or, après ces rencontres et d'autres démarches auprès de la SQ, l'homme d'affaires a finalement obtenu l'autorisation de porter une arme.

D'après le quotidien La Presse, la Sûreté du Québec avait d'abord refusé d'émettre un permis au motif que M. Coretti était affecté à des tâches administratives et non au transport des valeurs.

Tant le Parti québécois que l'Action démocratique soupçonnent le ministre Dupuis ou son entourage immédiat d'avoir fait pression auprès de la SQ pour satisfaire aux demandes de M. Coretti, un donateur à la caisse libérale, ami de l'ex-ministre tombé en disgrâce Tony Tomassi.

Mais pour le premier ministre Charest, l'intégrité et le sens éthique du ministre responsable de la Sûreté du Québec ne peuvent être mis en doute.

«Il a une feuille de route qui témoigne d'une approche rigoureuse sur la façon dont un gouvernement, sur le plan politique, doit éviter de s'immiscer dans des choses relevant du juridique», a-t-il relaté.

Quant à M. Coretti, il a fait ses démarches seul, sans l'aide du ministre, a insisté M. Charest.

«M. Coretti a, paraît-il, requis les services d'un avocat après (ses rencontres). Il a fait des démarches», a-t-il dit.

Placée sous la protection de la Loi sur la faillite, l'agence BCIA est à l'origine de l'expulsion récente de Tony Tomassi du conseil des ministres et du caucus libéral.

M. Tomassi s'est fait montrer la sortie jeudi dernier lorsqu'il a admis avoir utilisé une carte de crédit au nom de l'entreprise pour des factures d'essence à l'époque où il était simple député.

Pour sa part, l'opposition péquiste estime que le doute est loin d'être dissipé.

Le porte-parole en matière de sécurité publique, Bertrand St-Arnaud, exige des explications «plus solides et plus complètes» de la part du ministre Dupuis.

Depuis vendredi, le ministre n'a rien dit pour se justifier, a déploré le député péquiste de Chambly en entrevue téléphonique lundi.

«Comment se fait-il que la décision (d'émettre un permis de port d'arme) a été changée?» a-t-il demandé, en suggérant que la question rebondira en Chambre cette semaine.

«Je pense que la population est en droit d'obtenir plus d'explications. Et il ne serait effectivement pas surprenant que l'on revienne à la charge auprès du ministre dans les forums appropriés pour ça.»