Le grand ménage promis par le premier ministre Jean Charest dans les dépenses gouvernementales pourrait bien s'arrêter aux portes des cabinets politiques, selon ce qu'a appris La Presse Canadienne.

Tout indique que les ministres et le premier ministre pourront continuer à dépenser à leur guise dans leur cabinet respectif, malgré le plan d'austérité budgétaire déposé le 30 mars par la présidente du Conseil du trésor, Monique Gagnon-Tremblay.

De diverses façons, les cabinets de ministres et du premier ministre pourront en fait se soustraire aux diverses mesures que contient le plan d'action ou les contourner.

Le plan d'action vise à faire en sorte que l'appareil gouvernemental donne l'exemple, en s'imposant d'ici 2013-2014 une série de compressions budgétaires devant contribuer au retour à l'équilibre budgétaire.

Or, le plan d'action est pratiquement muet sur le sort réservé aux cabinets, et ce, même si leur budget, au total, a fait un bond important entre 2003 et 2009, passant de 18,9 millions $ à 26,4 millions $. Rien, dans le plan, n'annonce de sacrifice à ce chapitre.

Au total, le gouvernement compte sur quelque 467 personnes pour seconder les élus dans leur tâche dans les cabinets. Le plan d'action n'annonce pas, non plus, de réduction d'effectifs à ce chapitre.

Pour ce qui est de la rémunération du personnel de cabinet, par contre, le document est plus bavard. Québec abolira les primes au rendement et s'alignera sur les salaires négociés avec la fonction publique.

Ce que le document ne dit pas, cependant, c'est que, contrairement aux fonctionnaires, les employés de cabinet pourront bénéficier de passe-droit.

Grâce à la procédure de dérogation aux règles, certains obtiennent un revenu bien supérieur aux normes en vigueur.

En 2009, c'était le cas de quatre directeurs de cabinet et 13 attachés politiques.

Par exemple, le salaire maximal prévu pour un directeur de cabinet est de 116 000 $. Mais le salaire offert à Philippe Dubuisson, quand il dirigeait le cabinet de l'ex-ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, atteignait 155 000 $, soit 25 pour cent plus que la norme.

Simon Turmel, directeur de cabinet de la ministre de l'Immigration, Yolande James, et François Crête, directeur de cabinet de la ministre du Développement durable, Line Beauchamp, échappent eux aussi aux normes salariales, selon des données obtenues en vertu de la Loi d'accès à l'information.

Québec a aussi décrété un gel de la masse salariale «globale» des ministères jusqu'en 2013-2014 et imposé une réduction de 10 pour cent de leur budget de fonctionnement d'ici là.

Mais qu'est-ce qui empêchera un ministre d'appliquer ces mesures uniquement au palier administratif, en préservant le budget de son cabinet?

L'important, aux yeux du Conseil du trésor, «c'est que l'objectif soit respecté», a répondu la porte-parole de la présidente du Conseil du trésor, Geneviève Villemure-Denis.

«C'est à chaque ministre de prendre ses responsabilités pour que la réduction soit effective en 2013-2014», a-t-elle ajouté.

La ministre Gagnon-Tremblay a quant à elle décliné une demande d'entrevue à ce sujet.