Québec pourrait perdre un million et demi de dollars supplémentaires avec l'agence de sécurité montréalaise B.C.I.A, qui vient de se placer sous la protection de la Loi sur la faillite.

Comme l'a relevé l'ADQ hier, Investissement Québec a accordé une garantie de prêt de 1,4 million de dollars à l'entreprise que préside Luigi Coretti l'année dernière. Le député François Bonnardel est renversé. «Ce que ça veut dire, c'est que la banque ne voulait pas financer M. Coretti de par son entreprise, puis M. Coretti a réussi à avoir une garantie de prêt» du gouvernement. «Et quelques mois plus tard, l'entreprise aujourd'hui est en faillite. (...) Ce sont les contribuables québécois qui vont absorber cette perte-là qu'on va avoir assurément.»

 

Québec a autorisé la garantie de prêt, par l'entremise du programme Renfort, le 15 septembre dernier. «C'était pour un prêt de 2 millions accordé par Desjardins. Et nous, on est entrés en garantie de prêt pour 70%» de la somme, a expliqué la porte-parole d'Investissement Québec, Josée Béland. «Quand on a autorisé la garantie de prêt, l'entreprise rencontrait des problèmes de liquidités car elle avait fait plusieurs acquisitions.» Selon elle, B.C.I.A. «respectait tout à fait les critères du programme Renfort», lancé en décembre 2008, alors que la crise financière privait de capitaux bien des entreprises. Une garantie de prêt est offerte si l'entreprise «démontre que ses problèmes de liquidités sont temporaires» et si elle «présente de bonnes perspectives de rentabilité», peut-on lire sur le site web d'Investissement Québec.

Si le Mouvement Desjardins est incapable de récupérer ses millions auprès de l'entreprise, il se tournera vers l'État pour obtenir 1,4 million. «Il est trop tôt encore» pour dire si l'État perdra cet argent, a dit Mme Béland. Selon elle, des actionnaires et des créanciers de B.C.I.A. se sont rencontrés lundi pour «discuter d'une possible restructuration».

La Presse a révélé hier que l'État risque de perdre 6,3 millions de dollars investis par quatre Fonds d'intervention économiques régionaux (FIER). Investissement Québec, qui supervise les FIER, estime que ceux-ci ont plutôt injecté 4 millions dans B.C.I.A. Les deux tiers (2,7 millions) proviennent de l'État, le reste (1,3 million) de 68 investisseurs privés engagés dans les quatre FIER.

Ces FIER ont donné 1 million de dollars chacun, le maximum permis pour une même entreprise. B.C.I.A. est la seule société à avoir profité de la mise de fonds maximale de la part d'autant de FIER, a indiqué François Bonnardel, soulignant que Luigi Coretti a versé 8000$ au PLQ depuis 2004.

Selon Josée Béland, «aucun des administrateurs des FIER n'avait d'intérêt dans cette entreprise quand cela a été vérifié. Et le vérificateur général n'a relevé aucun conflit d'intérêts dans le dossier», au terme d'une enquête sur la gestion des FIER l'an dernier.

Le cabinet du ministre du Développement économique, Clément Gignac, fait également valoir que le vérificateur général n'a soulevé «aucun cas de fraude ou de malversation». «On ne reviendra pas en arrière, le rapport est clair», a dit l'attachée de presse, Anne-Sophie Desmeules. Le vérificateur général a toutefois relevé quelques cas de situations de conflit d'intérêts dans des FIER, ce qui a poussé le ministre à resserrer les règles.