Le ministre de la Santé, le Dr Yves Bolduc, n'exclut pas la possibilité de diriger un autre ministère, même si ses priorités demeurent en santé. Se refusant à extrapoler sur les intentions du premier ministre Jean Charest en matière de remaniement, le ministre estime qu'il peut «compter sur la confiance du premier ministre», a-t-il indiqué lors d'un passage à Montréal, hier matin, lors de la Conférence provinciale sur le cancer.

«Je suis très heureux dans ce que je fais, et j'ai la confiance du premier ministre, a indiqué le Dr Bolduc. C'est certain que des gens font des suppositions à l'heure actuelle, mais je ne vois pas de difficulté dans un avenir rapproché.

«M. Charest a la prérogative de décider, a ajouté le ministre de la Santé, et je prendrai mes décisions en temps et lieu. Je vais vous avouer que je suis très heureux en politique, et que je n'exclus pas un autre ministère. Mon intérêt, c'est de travailler avec le gouvernement, avec M. Charest, mais ma priorité demeure dans la santé.»

Le ministre de la Santé est par ailleurs fermé à l'idée qu'a lancée cette semaine le président de la Fédération des médecins spécialistes, le Dr Gaétan Barrette, de créer un «organisme de gestion du cancer» dans lequel les spécialistes tiendraient le rôle de gestionnaires.

«Déjà, des médecins cliniciens travaillent avec nous dans tous nos programmes, a expliqué le Dr Bolduc. On peut travailler en collaboration. Mais je pense qu'il faut mettre de l'argent dans les soins et non dans la bureaucratie. Donc, pour moi, l'enjeu est surtout d'investir au niveau du patient. On ne veut pas ajouter de bureaucratie.»

Le ministre a aussi été martelé de questions, à la conférence, par des acteurs du milieu inquiets du projet d'imposer une franchise, «un ticket modérateur», tel qu'annoncé dans le dernier budget provincial. À ce sujet, le ministre de la Santé a assuré que son gouvernement ne veut pas limiter l'accès aux services, qu'il veut faire quelque chose «d'intelligent, selon la capacité de payer des patients».

Il a ensuite rappelé que les modalités de la mise en place de la franchise n'ont pas encore été déterminées ou établies. Et qu'un comité a été formé pour se pencher sur l'implantation de cette franchise. On ne parle pour l'instant que d'une «orientation», a-t-il ajouté, en pesant bien chaque mot.

Cancer colorectal. Registre des tumeurs. Le Dr Yves Bolduc a été appelé à parler sur deux autres sujets chers aux oncologues. Dans le premier cas, le ministre a dit qu'un projet pilote serait bientôt sur pied pour un programme de dépistage précoce du cancer colorectal. Dans le deuxième cas, le Dr Bolduc a dit que son gouvernement travaillait à mettre en place un registre de surveillance des tumeurs.

Les porte-parole de la conférence sur le cancer, avec en tête le Dr Pierre Audet-Lapointe, se sont dits déçus du manque d'engagements clairs du ministre. Ils ont parlé d'un discours «réchauffé», et le Dr Audet-Lapointe a fait savoir qu'il en avait assez des «projets pilotes au Québec».