Pour gagner du galon, en politique comme ailleurs, mieux vaut être beau. Être mince, particulièrement pour une femme. Et, surtout, être grand.

Voici les trois grandes conclusions auxquelles sont arrivés les nombreux chercheurs qui ont étudié l'influence des caractéristiques physiques sur le succès professionnel. Mais leurs résultats apportent une nuance importante: l'impact de la beauté, de la taille et du poids ne reflète pas seulement l'opinion qu'on se fait des adultes, mais aussi les expériences vécues à l'enfance, voire dans le ventre maternel.

«Les avantages que confèrent une grande taille remontent au moins à l'adolescence», explique Daniel Silverman, économiste à l'Université du Michigan, qui a publié en 2004 une étude sur le sujet dans le Journal of Political Economy. «Qu'on soit plus grand ou plus petit que la moyenne à l'âge adulte n'est pas important: c'est la taille quand on grandit, quand on est en train de se bâtir son identité, ses réseaux de contacts, qui compte. Certains chercheurs pensent même qu'une grande taille reflète une croissance plus rapide dans l'utérus, avant la naissance, croissance qui a aussi bénéficié au cerveau. On peut faire les deux mêmes hypothèses avec la beauté, qui est en fait une symétrie supérieure à la moyenne.»

Si on divise la population adulte en quatre segments selon la taille, le quart le plus grand gagne de 10 à 15% plus d'argent que le quart le moins grand, selon M. Silverman. Cette différence augmente jusqu'à 20% chez les personnes encore plus grandes. «Mais chez les extrêmes, comme les gens qui mesurent plus de sept pieds, c'est moins clair. Ça peut être un désavantage.» Le revenu est utilisé comme symbole de la réussite professionnelle.

Pour ce qui est de la beauté, l'effet sur le revenu est similaire, environ 15%, selon des études de sociologues de l'Université du Texas. Les femmes sont plus sensibles à la beauté et les laids sont plus désavantagés que les beaux - ces derniers gagnent 5% plus que la moyenne alors que les laids gagnent 10% moins que la moyenne.

Et le poids? Des économistes de l'Université Cornell ont calculé qu'une femme qui pèse 30 kg de plus qu'un poids santé a des revenus inférieurs de 9%. «Les hommes obèses semblent s'en tirer mieux que les femmes, dit M. Silverman. Mais l'obésité est très difficile à étudier, parce qu'une mauvaise alimentation peut avoir un impact sur d'autres facteurs que le poids, comme la concentration.»