Coup très dur pour le gouvernement Charest. Les libéraux ont été réélus il y a à peine 18 mois et, déjà, les trois quarts des Québécois estiment le temps venu de «changer de gouvernement». Du point de vue de la satisfaction et des intentions de vote, le parti de Jean Charest descend en vrille depuis trois mois.

Menée les 13 et 14 avril, l'enquête d'Angus Reid constate que le PLQ a perdu 10 points en un mois, passant de 33 à 23% des intentions de vote depuis février. Le PQ, quant à lui, grimpe de 7 points, à 41%, et l'ADQ obtient 3 points de mieux, à 13%, dans ce coup de sonde précis à 3,5% près.

 

Selon Jaideep Mukerji, analyste du sondage, «l'écart de 10 points pour les libéraux s'est ouvert du jour au lendemain. Il y a les allégations de Me Bellemare, mais aussi l'impact du dernier budget. Cela prend des événements majeurs pour provoquer des changements aussi importants. La confiance est ébranlée».

Désormais, chez les francophones, l'avance du PQ est énorme: 30 points, alors que 47% des intentions de vote vont au PQ contre 17% pour le PLQ. Angus Reid a testé d'autres variables pour s'assurer de la précision de sa lecture; comme prévu, les intentions de vote ne changent pas au fédéral, l'économie et la santé restent au sommet des priorités.

Le PQ profite des erreurs des libéraux

Avec les dernières semaines, 62% des gens qui ont voté pour Jean Charest en 2008 maintiendraient leur allégeance. Le taux de rétention de Pauline Marois est de 86%. Seulement 46% des électeurs ayant appuyé Mario Dumont en 2008 voteraient encore pour l'ADQ.

Pour la première fois, observe M. Mukerji, le PQ semble capitaliser sur les problèmes des libéraux. Au total, 70% des gens «désapprouvent» le travail de M. Charest, 17% de plus qu'en février. On trouvait alors 24% d'indécis, il n'en reste que 14%. Dans le cas de Mme Marois, 43% des gens désapprouvent son action, 7% de moins qu'il y a un mois. Le chef de l'Action démocratique, Gérard Deltell, a pu se mettre en valeur, car 25% des gens approuvent son travail, le double d'il y a un mois. Amir Khadir, de Québec solidaire, fait encore mieux: 37% des gens approuvent son intervention; on n'en trouvait que 19% en février.

Quand on demande aux gens de baser leur évaluation sur les trois derniers mois, 71% des gens, et un libéral sur deux, estiment que leur opinion de Jean Charest s'est «détériorée».

Seulement 2% ont une meilleure opinion du premier ministre, un décalage très inquiétant de 69%, observe le spécialiste. En comparaison, Pauline Marois a perdu des plumes aux yeux de 25% des Québécois, mais s'est améliorée pour 14% des gens - un écart de 11 points.

Selon l'analyste Jaideep Mukerji, Mme Marois «a encore de la difficulté à faire des liens avec la population», car 25% des gens seulement estiment qu'elle serait le meilleur premier ministre, une hausse de 6% en un mois. En revanche, Jean Charest passe de 21% à 15% à cet égard. Pas moins de 34% des répondants jugent «qu'aucun» des chefs actuels ne ferait un bon premier ministre.